Qui sont les sages-femmes?

Par Fanny Arnaud
Ce métier existe depuis toujours, pourtant, il n’a été légalisé et intégré aux services de santé du Québec qu’en 1999. Une reconnaissance qui n’est encore que partielle comparée aux autres professionnels de la santé.
Un service entièrement gratuit
Pour Valérie Leuchtmann, responsable des services de sage-femme à la Maison de naissance du Boisé à Blainville, le public n’est pas assez informé.
«La plupart de gens ne savent pas que les maisons de naissance existent et que les services de sage-femme sont entièrement couverts par la RAMQ», dit-elle.
En effet, il s’agit d’un service public entièrement pris en charge, même les cours prénataux sont dispensés gratuitement.
De très bons résultats
Selon les données du regroupement des sages-femmes du Québec, il y aurait cinq fois moins d’épisiotomies, deux fois moins de césariennes et une réduction de 70 % des déchirures au 3e et 4e degré.
Pour Mme Leuchtmann, ces résultats s’expliquent de deux façons. D’abord, toutes les femmes qui sont suivies par des sages-femmes ont des grossesses normales. Ensuite, elle dit que plusieurs études ont démontré qu’être accompagné en salle d’accouchement par quelqu’un qu’on connaît bien est important.
«La préparation psychologique est essentielle», dit-elle.
La Maison de naissance : un environnement sécurisé
Très loin de l’hôpital, la Maison de naissance est construite comme une maison avec un salon chaleureux et une cuisine équipée.
Celle de Blainville accueille environ 20 naissances par mois dont la plupart se font sur place. Dans chacune des quatre chambres, on trouve un grand lit, une baignoire et un fauteuil.
Mme Leuchtmann explique qu’à l’hôpital la femme est installée de façon à faciliter le travail du médecin : couchée, les pieds dans les étriers.
À la Maison de naissance, la femme peut décider d’accoucher dans la position qu’elle souhaite : en se suspendant au plafond, sur un banc de naissance ou même dans l’eau.
«Accoucher dans l’eau aide à supporter la douleur, il y a moins de déchirures.»
La Maison est équipée d’un incubateur et toutes les sages-femmes sont formées à la réanimation. La Maison a une rampe d’accès pour les ambulances. Le taux de transfert vers l’hôpital est de 15 à 20 % «la majorité des cas sans urgence».
Après la naissance, des aides natales prennent le relai pour accompagner les patients «comme le ferait une grand-maman».
Le rôle du père valorisé
Benoît Guenette et Justine Saint-Pierre attendent un enfant pour le mois de février. C’est la troisième fois qu’ils auront recours au service des sages-femmes.
«Ici, le père n’est pas juste un bibelot qui attend de couper le cordon, il a un vrai rôle à jouer», dit M. Guenette.
Une entente de principe en demi-teinte
Les sages-femmes viennent de signer une entente de principe avec le gouvernement, mais, selon elles, on est encore loin de la reconnaissance que mérite cette profession.
Une des principales revendications concernait la compensation des heures de garde. Le gouvernement a accordé une bonification que les sages-femmes considèrent encore insuffisante.
«On passe de 1 $ à 2 $ de l’heure : pour le gouvernement c’est 100 % d’augmentation, mais pour nous, ça reste dérisoire», dit Mme Leuchtmann, responsable du service.
Caroline Savard est sage-femme. Elle explique que la semaine passée elle a dû venir assister des femmes cinq nuits de suite en plus de ses heures de jour.
«Pour faire ce métier, il faut vraiment être passionnée», dit-elle.
Cette entente reconnaît les années travaillées dans l’échelle salariale. Elle permet aussi de prendre des congés sans solde pour aller exercer dans le Grand Nord ou participer à un projet humanitaire.
Le congé sans solde pour retour aux études n’a, quant à lui, pas été accordé.
«Cette entente est juste un tremplin pour la suite», dit Mme Leuchtmann.
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