Les deux CLAUDE

Le Spot à Pat
* Le spot à Pat : endroit virtuel où le bonheur se consomme en mots superfétatoires, en vidéos puériles et en pensées du soir impérieuses. Tout cela gratuitement, mais libre à vous de payer.  

Les deux Claude

Êtes-vous amateur de jeux de mots poche? Chaque fois que je roule en voiture et que j’en vois un accroché quelque part sur un commerce, je pense systématiquement à des gens réunis dans une salle munie d’un vieux cendrier sale accroché au mur dans lequel plus personne ne butche depuis 1998, assis autour d’une table avec du café et parfois même des viennoiseries et qui ont longuement réfléchi à ce nom. Par exemple la boutique Caleçons vos goûts au Carrefour Laval, le bistro Café L’ex-Tasse à Grand-Mère ou la crèmerie Moi j’cornet ça à Gatineau. Il y en a plein le Québec de ces Spa Poilu et autres salons de toilettage Mon chien sale.  J’entends le patron de l’entreprise « pas de nom » demander à ses employés : « Aujourd’hui, mes bons amis,  je vous ai réunis, car je crois qu’ensemble, nous pouvons trouver un nom qui saura plaire à notre clientèle, un nom qui sonne, un nom qui résonne ». Et bang! Quelqu’un sort « J’ai pensé à Chez Jude-Pomme, qu’est-ce que vous en dites? » Il y a aussi ceux qui ne se sont même pas forcés de trouver un jeu de mots poche, qui se sont contentés d’un simple Plus ou d’un orignal Super après un nom très ordinaire : Outils Plus ou Souliers Supers. Il y a ceux qui se forcent et il y a ceux-là. Je m’imagine tous les noms rejetés pour arriver à conserver celui-là, celui qui nous fait douter du degré d’intelligence de son créateur.

Tout ça, donc, pour le Gala du cinéma québécois. Il fallait quand même y penser! Parait que quelqu’un dans la salle au climat tendu s’est levé pour proposer : « Qu’est-ce que vous diriez du Galu da cinémou hongrois? » Quelqu’un d’autre aurait ajouté : « J'hais pas ton idée, mais on pourrait-tu y aller avec le Galou di pyjama suédois? » Avant que quelqu’un de perdu y aille avec « Moi, j’opterai plus pour Québécois du gala cinéma le ». On approchait lentement du but. On discutait fort, on s’emportait, on postillonnait même et puis constat d’échec, aucune décision ne fut prise ce jour-là, semble-t-il. On se revit donc le lendemain et au bout de la journée, quelqu’un donna un coup de poing sur la table en disant « Je l’ai! » Et tout le monde sortit de son songe et de son mutisme pour s‘agglutiner autour de lui : « On va appeler ça les Jutro! »  Ce qui s’avéra un peu mieux que « Les Claude » choisit par personne.

Parlant de Claude, je l’aimais bien moi, Claude Michaud, décédé il y a peu dans son sommeil. Ma grande sœur et mon grand frère se rappellent surtout de la voix d’Arthur Laroche dans le temps qu’ils écoutaient Les Pierrafeu sur les genoux de mon oncle lui aussi décédé le même jour, mais l’année passée. Moi, je me rappelle de la voix d’Arthur Laroche, mais pas des genoux de mon oncle. Et je me rappelle surtout de ces rôles singuliers que Claude Michaud a tenus, dont un en particulier dans un film qui a extrêmement mal vieilli et mettant en scène un animateur de talk-show de matante, Jacques Boulanger lui-même, qui s’est retrouvé un peu à jouer son propre rôle (pour ceux qui se souviennent d’Allo Boubou). Ce film, Parlez-nous d’amour, est un immense film pas de classe dans lequel Claude Michaud a incarné le rôle de l’agent de Jacques Boulanger. En guise d’au revoir, en guise d’hommage à monsieur Michaud, je vous en laisse un petit extrait. Avis aux cœurs sensibles, Claude Michaud sacre un peu. Et Benoit Girard n’est pas mal non plus. Pour les archives, le film n’a jamais gagné de Jutro :  

https://www.youtube.com/watch?v=Sb99lrSfnX8

 

Patrick Richard