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Quand le soleil s’éteindra

durée 13h21
11 mars 2016
Patrick Richard
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Patrick Richard

C’est difficile à croire, mais un jour, ou peut-être même un soir (dépendamment où se trouveront ceux qui resteront pour ce qui en restera), notre soleil s’éteindra. C’est écrit dans le ciel : nous sommes condamnés, chers amis. On en a plus que pour cinq petits milliards d’années (selon un calcul scientifique déterminant qu’à chaque seconde – chaque SECONDE -  notre soleil convertit 4,6 millions de tonnes d’hydrogène – 4,6 MILLIONS - en énergie).

Je ne sais pas pour vous, mais cela remet un peu les choses en perspective pour tous ceux qui s’achètent de gros bateaux, qui prennent grand soin de leur gazon ou qui tiennent mordicus à conserver une tignasse exempte de cheveux gris ou de cheveux blancs. C’est vite passé, cinq milliards d’années. Vous riez, mais pensez : quand on dit que le temps passe vite, il passe aussi vite pour les 30 dernières années que pour les cinq milliards à venir. C’est Patente Chose, grand philosophe des Lumières, qui l’a dit. C’est à tout ça que je pensais l’autre semaine quand je me suis endormi sur une plage floridienne, Crémé comme un marmouset de Pantagonie, pour reprendre une expression qui n’existe pas. Quand je me suis réveillé, en début d’après-midi,  j’étais reposé, quand je me suis couché, en fin de soirée, j’étais souffrant. Un ex-roux, parlez-en aux vrais, ça cuit, ça ne grille pas. Surtout quand il s’imagine s’être mis de la crème. Avec l’hiver gris que nous avons connu, ma peau a bu les rayons en ivrogne abruti. Je me suis saoulé de soleil à défaut de vider une bouteille de vin bruniçois dans un chic restaurant de Miami avec celle qui m’endure et m’aime (le vin bruniçois, ai-je déjà mentionné à l’époque où j’étais fou, est un vin évoquant la précarité des saules salés et les arrière-saveurs de glutacé jamgibique. Il faut le servir semi-froid dans des verres Sajdhi de la série « Esquimaux » et le boire, si possible, avec un chauve). Ne pouvant plus aller à la plage sans passer pour ce que j’étais devenu, soit un mongol qui ne sait pas se crémer, je me suis rabattu sur le col roulé et la promenade en bateau.

Dans les canaux d’Highlandale, communément appelé « région du Dale élevé », j’ai vogué, entre les maisons à 45 millions et les bateaux à 200. Pas de farce. Le gars blasé nous racontait l’histoire des lieux dans un micro bon marché en éructant des nombres ahurissants pour chiffrer le prix de ce que nos yeux appréciaient. 


(La traduction est de Mick McGeough)
« À votre droite, vous remarquerez une maison fraichement rénovée tandis qu’à votre droite, les gens qui ont un petit lousse peuvent espérer mettre la main sur le terrain de cette propriété acheté 10 000$ en 1903 et dont le prix oscille aujourd’hui autour de 7 millions de beaux dollars, maison non incluse. » Des bonnes blagues racontées tous les jours, 8 fois par jour, depuis 4 ans. Et tout partout sur les terrains fortunés, une absence remarquée, celle des propriétaires de ces palaces.  Pas là! Partis se faire voir ailleurs. Pendant que nous voguions ainsi dans l’opulence et la démesure, j’ai observé notre astre dont les rayons cherchaient plus que jamais à m’ioniser la peau. Je réfléchissais à la fin du monde, entouré de mes jolies petites princesses. J’imaginais un genre de Bernard Derome du 5 milliardième siècle annoncer, avec le sérieux qu’on lui connait : « Et ben c’est demain que notre soleil tirera sa révérence après avoir vécu un petit 9 milliards d’années.  Les gens intéressés à assister à l’évènement n’ont qu’à regarder dans le ciel, mais attention : n’oubliez pas de vous munir de lunette spéciale, car ça pourrait faire mal aux yeux. Faque c’est tout pour ce soir, bonsoir, pis pas à d’main. »

Vous y pensez donc à deux fois avant de capoter sur tout et sur rien, car tout finira par disparaitre et c’est ici que vous l’aurez lu et compris. Si vous ne me croyez pas, de sérieux scientifiques le prédisent. Saoul de soleil, en ces temps de mars brun et d’hiver si difficile à supporter quand on aime le soleil, tape des mains. Allez, ciao le monde!
http://bit.ly/1QMmDji  

Patrick Richard
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