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Un agresseur est acquitté pour «automatisme» induit par une polyintoxication

durée 16h36
2 février 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

VANCOUVER — Un juge en Colombie-Britannique a acquitté un homme qui avait frappé sa conjointe avec un couteau de cuisine, acceptant les arguments de la défense selon lesquels l'accusé était dans un état d'«automatisme» induit par les médicaments et l'alcool.

Jean-Luc Pérignon, maintenant au début de la soixantaine, admet avoir poignardé en avril 2017 sa femme de l'époque. Mais il a plaidé qu'il ne devrait pas être reconnu coupable de voies de fait graves parce qu'il avait consommé de l'alcool et de puissants médicaments, ce qui le privait d'une intention criminelle.

Dans sa décision, le juge Warren Milman, de la Cour suprême de la Colombie-Britannique à Vancouver, décrit les douleurs extrêmes de M. Pérignon à la suite de deux accidents de voiture. Ces douleurs l'ont amené à obtenir une prescription d'opioïdes décrite dans le jugement comme «dangereusement élevée», qui aurait pu tuer un profane.

Les graves insomnies de M. Pérignon, quant à elles, ont conduit à la prescription de sédatifs, qui, selon le jugement, peuvent être liés à «des activités normalement associées à l'éveil, mais qui se produisent lorsque le sujet est dans un état de sommeil».

Le juge Milman écrit que le soir de l'agression au couteau, M. Pérignon avait consommé des opioïdes plus «trois ou quatre» boissons alcoolisées. Ce cocktail a effacé de sa mémoire la plupart des événements, sauf celui de «se tenir au-dessus de sa femme allongée sur le sol devant lui, hurlant de douleur».

En acquittant M. Pérignon, le juge Milman rejette les arguments de la Couronne selon lesquels l'accusé avait compris la gravité de ses gestes en admettant immédiatement après qu'il venait de «faire quelque chose de vraiment stupide». Le juge estime plutôt que «l'explication la plus probable de sa conduite est qu'elle était entièrement involontaire, parce qu'elle s'est produite alors qu'en fait, il dormait».

Le juge admet qu'il est «possible» que M. Pérignon ait agi intentionnellement malgré son «état d'esprit gravement altéré», mais il souligne que même la Couronne admet que cette affaire est «limite».

«La Couronne admet également qu'il n'y avait aucun mobile apparent pour le coup de couteau et que le déclencheur de ce geste, s'il y en avait un, semble résider dans le schéma de consommation de médicaments et d'alcool de M. Pérignon», conclut le juge Milman.

«Je suis convaincu, selon la prépondérance des probabilités, que le crime dont M. Pérignon est accusé n'était pas un acte volontaire, mais qu'il a été commis alors qu'il était dans un état d'automatisme sans trouble mental», conclut le juge.

La Presse Canadienne