Il a fait des cauchemars pendant des années
Par Simon Laliberté
SAINTE-THÉRÈSE- Normand Charbonneau a été l’un des premiers civils arrivés sur les lieux après l’écrasement d’avion. Même si les cauchemars l’ont quitté, cette tragédie reste ancrée en lui.
Le 29 novembre 1963, Normand Charbonneau avait 14 ans. Attablé pour le repas, c’est la télévision qui lui apprend qu’un drame s’est produit dans son voisinage.
«Au départ ils ont parlé d’un petit avion. C’est un peu plus tard qu’on a appris qu’un gros DC-8 s’était écrasé tout près de la 92e avenue, aujourd’hui à Blainville», s’est rappelé M. Charbonneau.
Accompagné de son beau-frère, il a pris la route pour se rendre sur les lieux de la tragédie. «En arrivant, j’ai vu un bout d’aile, puis des parties de corps humain. Mes oncles, aussi sur les lieux, m’ont dit de ne pas aller plus loin. Ils étaient blancs comme un drap», a-t-il indiqué.
Selon ce citoyen de Sainte-Thérèse, l’endroit sentait énormément le kérosène. «On avait de la difficulté à avancer puisque ça callait jusqu’aux genoux», a-t-il décrit. C’est à ce moment que M. Charbonneau s’est rendu compte qu’il reposait sur un torse humain.
«J’en ai fait des cauchemars pendant des années. J’ai même consulté, ça n’allait pas, j’étais down. Encore aujourd’hui, en novembre, ça vient me chercher», a-t-il admis la gorge nouée par l’émotion.
117 bloquée
Quelques heures après l’écrasement, il était impossible de se déplacer sur la route 117.
«Alertés par la télévision et la radio,les gens voulaient tous se rendre sur les lieux de l’accident», a expliqué Normand Charbonneau.
Pierrette Martin, une autre citoyenne témoin de la tragédie, s’en souvient comme si c’était hier. «Je travaillais durant la journée à Montréal. À mon retour, quand je suis débarquée de l’autobus, tout était bloqué. Il n’y avait aucun moyen d’aller là», s’est-elle souvenue.
Normand Charbonneau retourne souvent se recueillir au cimetière où sont enterrées quelques victimes de l’écrasement. «Avant son décès, j’y rencontrais l’ancien policer de Sainte-Thérèse, Noël Obertin», a-t-il expliqué.
L’exposition sur l’écrasement du DC-8 organisée en collaboration avec la société d’histoire et de généalogie des Mille-Îles et Air Canada se tiendra tout l’été au musée Jospeh-Filion de Sainte-Thérèse.
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