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Anand fait la promotion du multilatéralisme en vue du sommet des ministres du G7

durée 14h18
11 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

WASHINGTON — Dans un monde secoué par une géopolitique instable et les politiques protectionnistes du président américain Donald Trump, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, veut faire la promotion du multilatéralisme alors que le Canada achève sa présidence du G7.

Mme Anand accueille les ministres des Affaires étrangères du G7 dans la région de Niagara, en Ontario, mardi et mercredi, pour discuter des défis économiques et sécuritaires communs.

«Alors que nous terminons la présidence canadienne du G7, je tiens à m'assurer que le Canada demeure un chef de file sur la scène internationale», a déclaré Mme Anand dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, lundi.

«Ce sera le message principal que je porterai à la table des négociations.»

Les ministres du G7 devront se pencher sur l'instabilité persistante à travers le monde, dans un contexte de bouleversements des relations commerciales accélérés par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche cette année.

Les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 – France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni, États-Unis et Union européenne – aborderont des enjeux allant de l'agression russe en Ukraine au monopole chinois sur les minéraux critiques.

Mme Anand a également invité ses homologues de l'Australie, du Brésil, de l'Inde, du Mexique, d'Arabie saoudite, d'Afrique du Sud, de Corée du Sud et d'Ukraine.

Scepticisme de l'administration Trump

Donald Trump a toujours manifesté son scepticisme à l'égard de la coopération multilatérale. Invoquant sa politique «L'Amérique d'abord», il a réduit le financement des Nations unies et retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat et de l'Organisation mondiale de la santé.

Le président a également imposé des droits de douane sans précédent aux autres pays du G7.

Mme Anand n'a pas précisé si elle s'entretiendrait avec le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, au sujet des négociations commerciales bilatérales. Celles-ci ont été suspendues par Donald Trump le mois dernier après la diffusion par l'Ontario d'une publicité télévisée dans laquelle l'ancien président américain Ronald Reagan critiquait les droits de douane.

Le sommet des dirigeants du G7 de juin en Alberta devait illustrer l'unité sur les principales préoccupations mondiales, mais le président Trump a quitté la réunion prématurément, prétextant devoir gérer l'escalade des tensions entre Israël et l'Iran. Finalement, aucune déclaration commune sur l'Ukraine n'a été publiée en raison des réticences de son équipe.

Fen Osler Hampson, professeur de relations internationales à l'Université Carleton, a déclaré que «cette réunion illustre un défi plus vaste auquel sont confrontées les démocraties».

«Comment construire une sécurité collective, une sécurité économique collective, lorsque le membre le plus puissant envisage la politique économique principalement à travers un prisme nationaliste étroit?», s'est interrogé M. Hampson.

Le G7 fonctionne encore, car il privilégie une «coopération ciblée et pragmatique là où les intérêts convergent», a-t-il ajouté.

«Les dirigeants continuent de se réunir. Et dans les pires moments, c'est peut-être le mieux que l'on puisse espérer.»

Une déclaration sur l'Ukraine?

On ignore s'il existe une position commune au sein du G7 sur l'Ukraine, bien que la ministre Anand ait indiqué que les dirigeants travailleraient à l'élaboration d'une déclaration commune cette semaine.

La guerre menée par la Russie en Ukraine demeure une épine au pied de Donald Trump. La Russie et l'Ukraine se livrent depuis peu à des attaques quasi quotidiennes contre leurs infrastructures énergétiques respectives, tandis que les efforts diplomatiques menés par les États-Unis restent au point mort.

M. Rubio est depuis longtemps un faucon vis-à-vis de la Russie, mais le président Trump demeure incohérent dans sa communication sur la guerre.

M. Hampson observera attentivement si le G7 affirmera fermement son soutien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine ou si M. Rubio sera «freiné par son supérieur».

La reconstruction de Gaza

La réunion du G7 se penchera également sur le fragile cessez-le-feu à Gaza, que le Hamas et l'armée israélienne s'accusent mutuellement de violer.

Anita Anand a déclaré qu'elle et Marco Rubio «s'accordent à dire que les efforts du président Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza sont à la fois bienvenus et essentiels». Ils conviennent également que le Hamas doit se désarmer et n'a aucun rôle à jouer dans la gouvernance de la Palestine, et que l'aide humanitaire et la reconstruction de Gaza sont des priorités, a-t-elle ajouté.

M. Rubio a demandé à Mme Anand d'inviter d'autres pays à la table des négociations pour une future conférence sur la reconstruction de Gaza, a-t-elle précisé. Des militaires canadiens sont déjà déployés en Israël pour surveiller le cessez-le-feu.

Minéraux critiques et sécurité maritime

Une autre priorité pour M. Anand est d'aborder le rôle du Canada dans le secteur des minéraux critiques et la sécurité maritime.

Lors du sommet du G7 en mars à Québec, les ministres des Affaires étrangères ont appuyé la création d'un groupe de travail chargé de lutter contre la flotte clandestine de pétroliers russes, une initiative soutenue par le Canada. M. Hampson a indiqué que des centaines de navires de cette flotte ont depuis été sanctionnés.

Un autre point clé des discussions portera sur la manière dont les pays du G7 peuvent collaborer pour contrer la domination chinoise dans le secteur des minéraux critiques et leur transformation.

Donald Trump vient toutefois de négocier un accord d'un an avec la Chine visant à suspendre ses contrôles sur les exportations de terres rares en échange d'une réduction des droits de douane. On ignore si l'équipe de M. Trump souhaitera un langage plus conciliant à l'égard de la Chine dans une éventuelle déclaration commune.

– Avec les informations de l'Associated Press

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne