Doug Ford critique les juges et lance l'idée de les élire


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Par La Presse Canadienne, 2024
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a fustigé les juges de la province qu'il perçoit comme laxistes face à la criminalité et a lancé mercredi des pistes de réflexion, dont l'élection des juges et l'offre d'indemnités pour une retraite anticipée.
M. Ford était au quartier général de la police régionale de Peel pour annoncer des mesures sur la mise en liberté sous caution dans le cadre d'un prochain projet de loi sur la justice, reconnaissant toutefois que les mesures les plus importantes sur cet enjeu devraient venir du gouvernement fédéral.
Le projet de loi devrait inclure des modifications au processus de nomination des juges, et lorsqu'on l'a interrogé à ce sujet, M. Ford a fulminé contre les juges et les juges de paix qui accordent des mises en liberté sous caution à plusieurs reprises.
«Le système est défaillant, et une fois que ces juges sont en poste, ils ont ce sentiment d'avoir droit à tout», a soutenu M. Ford.
«C'est ce qui me rend fou. Notre gouvernement a été démocratiquement élu. Et je dis toujours que le pouvoir législatif est suprême et que le peuple est suprême. Lorsqu'on reçoit un mandat pour faire quelque chose, on ne peut pas laisser les juges constamment passer outre.»
M. Ford a ensuite critiqué un juge qui a récemment ordonné à la province de suspendre la suppression de certaines pistes cyclables à Toronto jusqu'à ce qu'une contestation constitutionnelle soit tranchée. Le premier ministre a demandé si les juges n'avaient pas rien de mieux à faire que de s'inquiéter des pistes cyclables.
«De quel droit des juges non élus, nommés politiquement, déterminent nos budgets?» a-t-il lancé.
«Nous sommes élus démocratiquement. La dernière fois que j'ai vérifié, aucun juge n'a été élu. C'est peut-être là le problème. Nous devrions faire comme aux États-Unis: commençons à élire nos juges et à les tenir responsables. Et c'est mon coup de gueule du jour, parce que j'en ai assez.»
Le procureur général Doug Downey s'est ensuite approché du pupitre de la conférence de presse pour ajouter ses propres commentaires sur le sujet, plaisantant sur le fait que les propos de M. Ford étaient en réalité mesurés.
«Vous devriez voir ce qu'il dit en privé», a déclaré M. Downey.
L'année dernière, M. Ford a défendu la nomination par son gouvernement de deux anciens collaborateurs à un comité qui aide à la sélection des juges provinciaux, affirmant qu'il souhaitait des personnes partageant les mêmes idées, et non des libéraux ou des néo-démocrates.
Mercredi, M. Ford a rejeté l'idée d'indépendance judiciaire.
«Vous savez, c'est une blague pour moi», a-t-il souligné.
«Il n'y a aucun juge nommé, où que ce soit au pays, aux États-Unis ou dans le monde, qui ne soit pas une nomination politique. C'est aussi simple que ça. Vous pensez que ces juges tombent du ciel?»
M. Ford a également laissé entendre qu'il souhaitait offrir des indemnités de départ aux juges «sensibles».
«J'ai hâte qu'ils prennent leur retraite, a-t-il lancé. En fait, je les paierai pour qu'ils prennent leur retraite plus tôt. Je vous paierai pour deux, trois, quatre ans. Sortez du système, c'est aussi simple que ça.»
Il a également suggéré de mettre en évidence publiquement les noms des juges et des juges de paix qui accordent la libération sous caution à un délinquant qui commet ensuite un crime.
«Pourquoi ne pas afficher: "Ce juge a libéré Johnny six fois, et il vient de tuer quelqu'un"?», a avancé M. Ford. «Qui est responsable? Le juge appelle-t-il la famille pour lui dire: "Je suis désolé d'avoir libéré cet homme"? Il faut absolument que quelque chose cède, je ne le répéterai jamais assez.»
Liam Casey et Allison Jones, La Presse Canadienne