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L'écrasement de bus dans une garderie à Laval a tué deux enfants et blessé six autres

durée 14h50
8 février 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

6 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Un autobus de la Société de transport de Laval (STL) a foncé dans une garderie, mercredi matin, dans le quartier Sainte-Rose, selon le Service de police de Laval, entraînant la mort de deux enfants.

L'événement est survenu vers 8 h 30 sur la Terrasse Dufferin dans un immeuble abritant la Garderie éducative Ste-Rose.

Le SPL a confirmé en début d'après-midi que deux jeunes enfants étaient décédés, et que six autres avaient été transportés dans différents hôpitaux de Montréal et de Laval. La police n'a pas confirmé leur âge, mais a indiqué qu'ils étaient désormais «hors de danger».

Le Dr Marc Girard, directeur des services professionnels du CHU Sainte-Justine, a déclaré dans un point de presse que le centre hospitalier avait accueilli quatre enfants d’âge préscolaire au milieu de l’avant-midi, soit deux garçons et deux filles.

«Ils nous sont arrivés conscients, mais avec des traumatismes. Leur vie n’est pas mise en jeu au moment où on vous parle. (...) Nous comptons offrir les meilleurs soins à ces enfants pour qu’ils puissent récupérer rapidement et reprendre leur vie normale», a-t-il souligné, ajoutant que leur état psychologique serait évalué au cours des prochaines heures.

Les enfants sont âgés de 4 à 5 ans; l’un d’entre eux a été admis aux soins intensifs et les autres sont actuellement en évaluation.

Aucun adulte n'a été blessé lors de l'événement, sauf une personne qui a été transportée à l'hôpital en raison d'un choc nerveux.

Un homme de 51 ans, un conducteur de la STL, a été arrêté pour conduite dangereuse et homicide. Le motif de son geste reste inconnu pour l'instant, et sera élucidé lors de l'enquête. Le suspect sera rencontré par les enquêteurs sous peu, a souligné Erika Landry, porte-parole du SPL. 

Le chef de la police de Laval, Pierre Brochet, a indiqué dans un point de presse tenu en après-midi que le suspect n'avait aucun antécédent judiciaire. Il n'a pas pu confirmer si l'homme entretenait un quelconque lien avec la garderie.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, la ministre responsable des garderies, Suzanne Roy, ainsi que le ministre responsable de la région de Laval, Christopher Skeete, se sont rendus sur place pour offrir leurs condoléances à la communauté lavalloise.

Lors d'un point de presse tenu en début d’après-midi, Mme Roy a affirmé que le ministère de la Famille avait eu une «très bonne collaboration» des services de garde de Laval et que tous les enfants seraient relocalisés dans des garderies avoisinantes dès le lendemain.

«Le ministère de la Famille va être là pour accompagner nos éducatrices, les parents et les enfants. (...) Les garderies sont dans un périmètre d’environ 5 km, donc c'est vraiment à proximité. Les parents vont rester dans le secteur et avoir des places attribuées», a-t-elle déclaré aux médias.

Le maire de Laval, Stéphane Boyer, a offert ses sympathies non seulement aux familles, mais aussi aux employés de la garderie et de la STL, ainsi qu'au personnel d'urgence de la ville.

Sur son compte Twitter, François Legault a indiqué qu’il se rendrait à Laval jeudi, accompagné des chefs des partis d’opposition, pour offrir son soutien aux familles et au personnel affecté par le drame.

Le suspect maîtrisé par des passants

Hamdi Benchaabane, un voisin qui habite juste à côté de la garderie, a déclaré aux médias avoir maîtrisé le chauffeur de l'autobus après l'écrasement avec l'aide de trois parents.

«On a essayé de maîtriser le chauffeur ; il a ouvert la porte et il a enlevé ses vêtements, il était totalement nu. On n’a pas compris pourquoi il a fait ça. On a plongé sur lui, a-t-il raconté. (...) Il n’arrêtait pas de crier. On l’a frappé pour le maîtriser, et on l’a mis par terre. On a attendu les policiers qui sont venus lui mettre les menottes.»

Le témoin a ajouté que lui et les autres parents avaient ensuite retiré un enfant des débris de la garderie, qui n'était «pas gravement blessé». Ils en ont ensuite localisé un autre.

«Le premier, on l’a sorti, la deuxième on n’est pas arrivés à le faire. (...) On a entendu une fille qui était prise en dessous des débris. On n'a pas réussi, et les pompiers sont venus, alors ils nous ont demandé de sortir», a-t-il précisé. 

Selon lui, le geste du chauffeur de l'autobus était intentionnel.

«Il était dans un autre état, dans un autre monde. Il allait à 30 ou 40 km/h, et il a foncé. (...) Sincèrement, selon ce que j’ai vu, ce n’est pas un accident. C’est fait exprès», a déclaré M. Benchaabane, ajoutant qu'environ une vingtaine d'enfants étaient dans la garderie lors de l'écrasement.

Alors qu’il sortait du périmètre de sécurité des policiers, un voisin d’une soixantaine d’années interpellé par La Presse Canadienne a aussi rapporté avoir contribué à la maîtrise du suspect, qui était «hystérique».

Selon lui, trois hommes auraient contenu le chauffeur, et un quatrième les aurait aidés à le maîtriser jusqu’à l’arrivée des policiers. Le témoin, qui souhaitait garder l'anonymat, a indiqué que le chauffeur était nu et qu'il résistait à son arrestation.

Sa conjointe, Ginette Lamoureux, a indiqué qu'elle avait dû quitter les lieux, la scène étant «trop difficile».

«Les enfants criaient et pleuraient, ils étaient tous dans une salle. (...) Une maman est arrivée et s'est effondrée, la policière essayait de la calmer. Je suis sortie, je n'étais plus capable», a décrit Mme Lamoureux.

Jean-Pierre Rouleau, le porte-parole corporatif d’Urgences-santé, indiqué qu'Urgences-santé avait déployé 16 ressources sur les lieux, dont 9 véhicules ambulanciers.

Une cellule de crise a été mise en place à l’École du Parc, située près de la garderie, où des services d'urgence sociale et d'intervention communautaire pourront offrir le soutien nécessaire aux personnes touchées par la tragédie.

Les familles sous le choc

Un périmètre de sécurité a été érigé autour de la garderie, et des enfants ont été transportés dans une école voisine comportant aussi un périmètre de sécurité. Un hélicoptère de la Sûreté du Québec survole actuellement le secteur, qui est aussi couvert par une forte présence policière.

Un père interrogé sur les lieux semblait ébranlé après avoir récupéré sa petite fille, qui se porte bien.

«Si j'étais les parents d'autres enfants blessés, je ne sais pas ce que je ferais. Les malades, ils sont partout», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

Diane Pilon, dont les deux petits-enfants ont été retrouvés sains et saufs, s’est dite soulagée de la tournure des événements.

«Tout a bien été. Les deux enfants vont bien, et on repart le reste de la journée du bon pied parce qu’ils n’ont rien. C’est toujours un peu traumatisant, on s’entend», a-t-elle expliqué en entrevue.

La grand-mère a récupéré ses deux petits âgés de 1 an et demi et de 5 ans, et a appelé les autres parents en attente à «rester forts».

Mercredi matin, le premier ministre François Legault s’est dit «ébranlé» par la nouvelle.

«Évidemment, mes pensées sont avec ces enfants, les parents de ces enfants, les employés de la garderie. (...) On va offrir aux parents toute l’aide qu’on est capables de leur donner», a-t-il déclaré aux médias.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré mercredi que tous les Canadiens soutenaient la communauté lavalloise, qui traverse un «moment terrible».

«Je ne peux pas imaginer ce que ces familles sont en train de vivre. (...) C’est le plus grand cauchemar imaginable pour n’importe quel parent. On va être là pendant les journées, les mois et les années de deuil qui vont suivre», a-t-il souligné.

Les députés fédéraux ont d'ailleurs observé une minute de silence à la Chambre des communes, avant le début de la période des questions. Les élus à l'Assemblée nationale du Québec se sont également recueillis en soutien aux victimes.

Stéphane Blais et Élo Gauthier Lamothe, La Presse Canadienne