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L'impact du stress sur le cerveau dépendrait du sexe

durée 10h06
5 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le cerveau des mâles et des femelles ne réagit pas de la même manière au stress, démontrent pour la première fois des travaux réalisés à Montréal.

Lors d'expériences avec des souris, l'équipe du docteur Ciaran Murphy-Royal du Centre de recherches du CHUM a tout d'abord constaté que, contrairement à ce que l'on croyait jusqu'à présent, ce ne sont pas les neurones, mais bien des cellules non neuronales appelées astrocytes qui réagissent le plus fortement au stress.

Les chercheurs ont ensuite fait une découverte intrigante: si les mâles deviennent hyperactifs sous l'effet du stress, les femelles deviennent plutôt hypoactives. Lorsque la signalisation du stress est bloquée spécifiquement dans les astrocytes, les altérations neuronales disparaissent et les comportements reviennent à la normale.

«Sous l'impact d'un même stress, les mâles étaient plus actifs et les femelles moins actives, a résumé le docteur Murphy-Royal. C'était un impact du sexe, c'était super net, vraiment clair.»

Ces travaux portent à conclure que le stress, mais aussi l’anxiété et la dépression se manifestent différemment selon le sexe. Cela pourrait un jour avoir des implications thérapeutiques importantes.

Les astrocytes sont les cellules les plus abondantes du système nerveux central. Elles jouent de multiples rôles, notamment en ce qui concerne la régulation de la barrière hématoencéphalique, le contrôle des niveaux de neurotransmetteurs, la formation des synapses et la santé des neurones.

La nouvelle étude révèle qu'en ce qui concerne le stress, et contrairement à ce qu'on croyait jusqu'à présent, les astrocytes ne sont pas là «seulement pour soutenir les neurones, ce ne sont pas des joueurs de deuxième niveau», a indiqué le docteur Murphy-Royal.

«L'effet du stress sur les astrocytes est le même, a-t-il dit. Mais plus tard, en amont, l'impact sur les neurones est vraiment différent, c'est le jour et la nuit.»

Cette différence pourrait vouloir dire que les astrocytes des mâles et des femelles ne sont pas identiques, a-t-il précisé, et qu'ils réagissent donc différemment à l'hormone du stress, le cortisol.

Les molécules actuellement utilisées dans la gestion du stress ne sont efficaces que pour environ 40 % des patients, et il faut souvent patienter deux ou trois mois avant de constater des bienfaits, a rappelé le docteur Murphy-Royal.

Cela est possiblement dû au fait que les traitements ciblent les neurones, a-t-il ajouté.

«On aurait peut-être avantage à cibler les astrocytes, a conclu le docteur Murphy-Royal. On aimerait maintenant collaborer avec des cliniciens pour voir si on peut identifier des biomarqueurs pour le stress, si des biomarqueurs pourraient nous indiquer qui va répondre ou non au traitement.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue Nature Communications.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne