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Le tsar du fentanyl salue le projet de loi fédéral sur la frontière

durée 04h00
13 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le responsable canadien du fentanyl estime que la lutte contre cet opioïde mortel bénéficierait des nouveaux outils proposés aux forces de l'ordre dans le projet de loi sur la frontière récemment déposé par le gouvernement libéral.

Kevin Brosseau, responsable fédéral du fentanyl, salue les dispositions de la Loi visant une sécurité rigoureuse à la frontière qui cherche à accroître les pouvoirs d'inspection, à faciliter l'accès des policiers à l'information, à lutter contre le blanchiment d'argent et à améliorer le contrôle des produits chimiques utilisés pour fabriquer cette drogue.

M. Brosseau a été nommé tsar du fentanyl en février en réponse aux vives inquiétudes de la Maison-Blanche concernant le flux de cet opioïde synthétique vers les États-Unis — des critiques invoquées pour justifier les droits de douane imposés au Canada.

En entrevue, M. Brosseau a indiqué que le Canada n'était «pas la source la plus importante» de fentanyl entrant aux États-Unis, mais a réitéré sa position selon laquelle être la source de cette drogue est préoccupant, car de petites quantités peuvent avoir des effets dévastateurs.

Kevin Brosseau, ancien haut gradé de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), a précisé que ses homologues américains avaient exprimé leur «profonde gratitude» pour les efforts déployés par le Canada dans la lutte contre le fentanyl, compte tenu de l'accent mis par les États-Unis sur le renforcement de la frontière et la protection du territoire.

Il a indiqué qu'ils souhaitaient prendre des mesures supplémentaires dans le cadre d'une «approche collaborative» avec le Canada afin de combler toute lacune dans des domaines tels que le partage d'information.

Par conséquent, son message d'intégration et d'amplification du travail sur le fentanyl au nord de la frontière «a été bien accueilli» par les Américains, estime M. Brosseau.

«Nous savons qu'au Canada, dans les communautés de tout le pays, il existe un problème de production, d'approvisionnement, de trafic et de consommation de fentanyl», a-t-il expliqué.

En moyenne, environ 21 personnes meurent chaque jour au Canada des suites de la consommation de cette drogue, «et c'est ce qui me motive à agir», a-t-il soutenu.

Le vaste projet de loi frontalier du gouvernement libéral a suscité de vives critiques de la part des défenseurs des libertés civiles et des défenseurs de la protection des réfugiés.

Le projet de loi contient plusieurs éléments que M. Brosseau juge utiles pour lutter contre le fentanyl, notamment l'obligation pour les propriétaires et exploitants d’entrepôts de douane de fournir des installations à certains points d’entrée et de sortie pour permettre à l'Agence des services frontaliers du Canada d'examiner et retenir les marchandises destinées à l'exportation.

Le projet de loi supprimerait également les obstacles qui empêchent la police de perquisitionner le courrier pour mener une enquête criminelle, lorsque la loi l'autorise, et élargirait le pouvoir d'inspection de Postes Canada pour l'ouverture du courrier.

Le projet de loi faciliterait aussi l'accès des autorités aux renseignements sur les abonnés Internet, permettrait au ministre de la Santé de contrôler plus rapidement les produits chimiques précurseurs pouvant servir à la production de drogues illicites et introduirait de nouvelles restrictions sur les transactions importantes en espèces.

Une approche globale essentielle

M. Brosseau a suggéré qu'une approche globale est essentielle, car sinon, la lutte contre les producteurs et les trafiquants de fentanyl se transforme en un jeu de chat et de souris, une nouvelle vulnérabilité apparaissant dès qu'elle est éliminée.

«Les organisations criminelles sont incroyablement douées pour identifier les points faibles, et, une fois ces points faibles découverts, ils seront exploités jusqu'à ce qu'ils soient comblés», a-t-il affirmé.

Le projet de loi s'appuie sur les mesures canadiennes antérieures en matière de sécurité frontalière, notamment la mise en place d'une surveillance frontalière 24 heures sur 24 au moyen d'hélicoptères, de drones et de tours de contrôle.

Ottawa collabore par ailleurs avec Washington sur la création d'une «force de frappe conjointe» nord-américaine pour cibler les groupes criminels organisés qui opèrent au-delà des frontières.

Dans l'ensemble, M. Brosseau adopte une vision globale du problème du fentanyl, soulignant la nécessité de tenir responsables ceux qui profitent de cette drogue et de s'assurer que les autorités disposent des outils nécessaires, tout en mettant en place des programmes pour aider les personnes dépendantes à trouver un chemin vers la guérison.

«J'appelle cela une approche sociétale, a-t-il avancé. Et les discussions que j'ai avec tout le monde sont qu'il n'y a pas de passe-droit.»

Selon Kevin Brosseau, le fléau du fentanyl et des autres opioïdes est devenu une préoccupation dans sa rue parmi les «parents comme moi», et s'inscrit dans un débat national plus large.

Il a mentionné être en mesure d'apporter un peu de réconfort et de sécurité aux parents inquiets pour leurs enfants potentiellement exposés à la drogue, et de réconforter ceux qui traversent une période difficile en montrant «que nous allons agir».

Jim Bronskill, La Presse Canadienne