Les premiers ministres se tournent vers les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre


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Par La Presse Canadienne, 2024
FREDERICTON — Un groupe de premiers ministres canadiens semble avoir des attentes élevées pour ses négociations avec les gouverneurs américains, visant à atténuer les répercussions des droits de douane imposés par les États-Unis sur leurs économies respectives.
Les premiers ministres du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l'Ontario, ainsi que le ministre délégué à l'Économie du Québec, Christopher Skeete, doivent rencontrer les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre lundi à Boston.
La première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, souligne que les premiers ministres se tournent vers les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre pour obtenir des conseils sur la manière de traiter avec la Maison-Blanche et le président américain Donald Trump.
«Idéalement, nous obtiendrions que chaque gouverneur (…) accepte d'exprimer haut et fort son opposition aux droits de douane à son administration», a déclaré Mme Holt aux journalistes jeudi.
«Si nous parvenons à faire en sorte que tout le monde reconnaisse que les droits de douane ont un impact négatif sur les Américains et à transmettre ce message à la Maison-Blanche, ce serait une victoire.»
Mme Holt a également dit qu'elle prévoyait soulever des dossiers «critiques» dans les domaines de l'énergie et des infrastructures.
Un partenariat fragilisé
La gouverneure du Massachusetts, Maura Healey, a affirmé le mois dernier que les dirigeants souhaitaient discuter de la manière dont ils pourraient collaborer et maintenir leurs relations économiques face aux droits de douane de l'administration Trump.
«Le Canada est le premier partenaire commercial du Massachusetts», a-t-elle souligné dans un communiqué daté du 5 mai.
«Depuis des générations, nous bénéficions d'un partenariat solide et d'échanges fructueux dans les domaines de l'énergie, du bois d'œuvre, des produits laitiers, des voitures et des pièces automobiles, des produits de la mer, etc.
«Nos entreprises et nos résidants bénéficient tous de cette relation. Mais les droits de douane du président Trump fragilisent ce partenariat, rendant plus difficile pour les entreprises de maintenir leurs activités et augmentant le coût de tout ce dont dépendent les habitants de la Nouvelle-Angleterre et du Canada», a-t-elle ajouté.
Mme Holt a rappelé que le Nouveau-Brunswick fournit de nombreux produits énergétiques à la Nouvelle-Angleterre.
«Je pense que 90 % des voitures à Boston roulent avec de l'essence provenant de la raffinerie d'Irving et de nous. Ils tiennent à ce que nous continuions d'être un fournisseur d'énergie fiable pour eux», a-t-elle soutenu.
«Nous considérons les États-Unis comme un marché pour vendre de l'énergie de manière rentable et avantageuse pour le Nouveau-Brunswick.»
La gouverneure Healey a déclaré qu'une analyse a démontré que les droits de douane sur l'énergie canadienne feraient augmenter les prix de l'essence et du mazout de plus de 30 cents le gallon et pourraient coûter près de 1,4 milliard $ par an aux habitants du Massachusetts et 3,4 milliards $ à ceux de la Nouvelle-Angleterre.
L'Ontario souhaite également discuter de l'énergie et des minéraux avec les États-Unis, selon Grace Lee, porte-parole du premier ministre Doug Ford.
«L'Ontario est fier de posséder l'un des réseaux énergétiques les plus propres et les plus fiables, ainsi que des régions riches en minéraux prêtes à être développées et une main-d'œuvre hautement qualifiée dont les États-Unis ont besoin et sur laquelle ils comptent», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
«Le premier ministre Ford défendra sa vision de la forteresse Amérique-Canada, une alliance stratégique renouvelée qui fera du Canada et des États-Unis les deux pays les plus riches, les plus prospères et les plus sûrs de la planète.»
Le cabinet du premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Rob Lantz, n'a pas répondu à une demande de commentaires.
Léa Fortin, porte-parole du ministre délégué à l'Économie du Québec, Christopher Skeete, a déclaré que la rencontre est l'occasion de réitérer les liens entre le Québec et les États-Unis, ainsi qu'avec les provinces de l'Atlantique.
Sonja Pomeroy, porte-parole du premier ministre John Hogan, a noté que Terre-Neuve-et-Labrador avait exporté environ 4,5 milliards $ de marchandises vers les États-Unis en 2023, ce qui représente 37 % des exportations totales de la province.
Par exemple, elle a indiqué que, chaque année, 60 à 80 % des exportations de fruits de mer de Terre-Neuve-et-Labrador sont destinées aux États-Unis.
La rencontre est donc l'occasion de renforcer la valeur sociale et économique de la relation de longue date du Canada avec les États-Unis, a-t-elle expliqué.
«Les obstacles au commerce sont néfastes pour les économies des deux pays», a affirmé Mme Pomeroy.
La Presse Canadienne