Ottawa prévoit lancer une stratégie sur la santé des hommes en 2026

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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Ottawa prévoit publier une stratégie sur la santé des hommes et des garçons au début de l'année prochaine, une initiative réclamée depuis longtemps par les défenseurs de la santé masculine afin de remédier aux problèmes qui empêchent les hommes d'obtenir les soins dont ils ont besoin.
La ministre de la Santé, Marjorie Michel, a indiqué avoir entendu parler de ce besoin de stratégie par ses homologues provinciaux et territoriaux lors de sa tournée au pays.
«On m'a notamment fait part du défi que représentent les difficultés d'accès aux services pour les hommes et les garçons», a-t-elle expliqué lors d'une entrevue de fin d'année avec La Presse Canadienne.
L'Institut Movember pour la santé des hommes et des chercheurs de l'Université de la Colombie-Britannique ont publié un rapport l'été dernier demandant au gouvernement fédéral d'élaborer une stratégie pour la santé des hommes.
Ce rapport révèle que 75 000 hommes canadiens sont décédés prématurément en 2023, et que bon nombre de ces décès étaient attribuables à des causes évitables.
Le rapport souligne que les hommes sont environ trois fois plus susceptibles que les femmes de se suicider. Il constate également d'importants obstacles à l'accès aux soins.
Les hommes ayant participé à un sondage commandé par Movember ont révélé que plus de la moitié d'entre eux ont retardé la consultation médicale de plus de six jours en cas de symptômes, et près d'un homme sur dix a déclaré avoir attendu plus de deux ans.
Lorsqu'ils ont finalement consulté, près de la moitié des hommes ont indiqué avoir eu le sentiment de ne pas être écoutés par les professionnels de la santé.
Les chercheurs ont également constaté que les responsabilités de soins informels envers les hommes ayant des problèmes de santé reposent de manière disproportionnée sur les femmes de leur entourage, un fardeau qui a un impact négatif sur leur propre santé mentale et physique.
Justin Trottier, fondateur et directeur général du Centre canadien pour les hommes et les familles, s'est dit reconnaissant et enthousiaste d'apprendre qu'une stratégie est en cours d'élaboration.
Il a ajouté que des organisations comme la sienne soulignent depuis longtemps l'absence de ministère ou d'organisme fédéral dédié aux hommes et aux garçons, à l'instar du ministère des Femmes et de l'Égalité des genres.
«Il est évidemment important de continuer à prioriser la santé des femmes et d'accroître les services qui leur sont destinés, ainsi qu'aux filles. Cette initiative n'y est pas opposée; au contraire, elle la complète. Nous pouvons faire les deux», estime M. Trottier.
Le Centre canadien pour les hommes et les familles a participé à la coordination du lancement du premier caucus sur la santé des hommes et des garçons, un groupe multipartite de 25 sénateurs et députés dirigé par les sénateurs Patrick Brazeau et René Cormier.
M. Trottier a indiqué qu'il s'agit d'un effort parallèle visant à amorcer un dialogue à l'échelle nationale qui permettra de s'attaquer à des problèmes comme l'itinérance, la violence conjugale, les accidents du travail, le suicide et la santé mentale.
«Nous avons vraiment besoin d'une initiative fédératrice qui rassemble les chercheurs, les organismes du secteur des services sociaux et les décideurs politiques afin de s'attaquer systématiquement à ces enjeux vitaux et d'adopter une approche holistique», a-t-il affirmé.
Il espère que cette stratégie permettra d'ouvrir un dialogue franc, notamment sur la prévention du suicide.
«Nous devons être prêts à poser des questions difficiles et pertinentes sur la façon dont la société n'offre pas toujours le soutien nécessaire aux hommes et aux garçons», a-t-il avancé.
Mme Michel a indiqué que la stratégie encouragera la collaboration sur des enjeux tels que la santé mentale, la toxicomanie et la sécurité publique afin de s'attaquer aux problèmes de front.
Elle a précisé que son travail comprend des discussions avec les ministres des Anciens Combattants, des Femmes et de l'Égalité des genres et des Services aux Autochtones afin de décloisonner le gouvernement fédéral.
«Nous devons changer de discours, c'est un changement de culture», a-t-elle affirmé.
Sarah Ritchie, La Presse Canadienne