Entre 2024 et 2025
Près de 2000 emplois étudiants ont été supprimés dans la fonction publique fédérale

Par La Presse Canadienne
Le nombre d'étudiants travaillant pour le gouvernement fédéral a diminué de près de 20 % entre 2024 et 2025.
Les données fournies par le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada montrent que 9120 étudiants étaient employés dans la fonction publique fédérale à la fin du mois de mars 2024. Un an plus tard, en mars 2025, ce nombre avait chuté à 7370.
Les employés en congé sans solde, le personnel exonéré, les employés recrutés localement à l'extérieur du Canada, certains membres de la Gendarmerie royale du Canada et des Forces canadiennes, ainsi que certaines agences, ont été exclus des données.
La plus forte baisse de l'emploi étudiant a été enregistrée à l'Agence du revenu du Canada (ARC), qui a vu son effectif étudiant passer de 1356 en mars 2024 à 268 en mars 2025.
Etienne Biram, porte-parole de l'ARC, a expliqué dans un courriel que cette diminution pouvait être attribuée à l'adaptation de l'ARC aux «réalités financières».
En mars 2025, le nombre d'étudiants travaillant dans la fonction publique était à son niveau le plus bas depuis 2017, année où 6281 étudiants étaient employés par le gouvernement du Canada.
Ajustements
Selon le président de l'Association canadienne des employés professionnels, Nathan Prier, la réduction du nombre d'emplois étudiants et les suppressions d'emplois occasionnels et contractuels font partie des «coupes silencieuses» effectuées dans la fonction publique.
De l'avis de M. Prier, ces compressions sont «motivées par une austérité idéologique qui reproche aux fonctionnaires un déficit qu'ils n'ont pas causé».
«Les étudiants sont souvent des employés incroyablement motivés et innovants, qui veulent faire carrière dans la fonction publique», a-t-il plaidé.
«Cette approche "mini-DOGE" décime la main-d'œuvre actuelle et compromet l'avenir de la fonction publique en éloignant les jeunes travailleurs les plus brillants et les plus talentueux.»
Le taux de chômage des jeunes a atteint 14,6 % en juillet, son niveau le plus élevé depuis septembre 2010, à l'exception de la période de 2020 et 2021 marquée par la pandémie, selon Statistique Canada.
Au début du mois, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a déclaré que des «ajustements» allaient être apportés à la fonction publique, Ottawa cherchant à réduire ses dépenses opérationnelles dans son prochain budget.
M. Champagne a confirmé avoir reçu les réponses de ses collègues ministres à sa demande, formulée au début de l'été, de réduire les dépenses de 15 % sur trois ans.
Le premier ministre Mark Carney s'est engagé à réduire le nombre d'employés du gouvernement par attrition, conformément à sa promesse électorale de plafonner — et non de réduire — la taille de la fonction publique.
Cohorte manquante
Lors d'une récente entrevue avec La Presse Canadienne, Michael Wernick, un ancien greffier du Conseil privé, a fait valoir que la vague actuelle de réduction des effectifs touche le plus durement les jeunes.
«À moins que je ne me trompe, la voie sur laquelle nous nous engageons actuellement touche de manière disproportionnée les jeunes générations de la population active», a-t-il souligné.
«Ils devraient essayer de sauver autant d'emplois que possible parmi les jeunes, les travailleurs numériques et les groupes diversifiés qui apportent énergie et compétences. (…) Si cela signifie accélérer la réduction naturelle des effectifs parmi les travailleurs plus âgés, qu'il en soit ainsi.»
M. Wernick a rappelé que les jeunes sont précieux pour la fonction publique, car ils ont grandi avec les réseaux sociaux et sont plus à l'aise avec l'intelligence artificielle que les employés plus âgés.
«Si vous fermez simplement la porte pendant deux ou trois ans, comme nous l'avons déjà fait, vous créez une cohorte manquante qui se fait sentir pendant des années», a-t-il prévenu.
«Vous vous retrouvez avec une pénurie de cadres intermédiaires et de cadres supérieurs, ou du moins avec un bassin de talents plus restreint.»
Catherine Morrison, La Presse Canadienne