La députée de Terrebonne-Blainville déboutée

Par Fanny Arnaud
Le président de la Chambre des communes, Andrew Scheer, a décidé, mardi dernier, de ne pas donner suite à la plainte de la députée Borg contre le sénateur Dagenais.
Au mois de décembre, la députée NPD de Terrebonne-Blainville avait soulevé une question de privilège suite à la querelle qui l’opposait au sénateur conservateur.
Ce dernier lui a envoyé une lettre virulente où il qualifiait de «torchon» un dépliant pour l’abolition du sénat qu’elle avait distribué dans sa circonscription.
Selon la procédure, le député qui souhaite soulever une question de privilège doit d’abord convaincre le président de la Chambre du bienfondé de sa demande. Ce qui n’est pas le cas en l’espèce.
«Je suis déçue, mais je respecte sa décision», a commenté Mme Borg.
La députée n’est pas du même avis
Selon le président de la Chambre, le travail de député de Mme Borg n’a pas été entravé par cette lettre.
«Le président a souligné que les choses qui avaient été dites étaient inappropriées», a ajouté Mme Borg.
«À aucun moment, il n’a suggéré que ce n’était pas important.»
M. Scheer a motivé sa décision en expliquant que les faits ne s’étaient pas passés à la Chambre des communes.
Mme Borg se dit «pas nécessairement du même avis», car la lettre a été envoyée à la colline parlementaire et elle était signée du sénateur.
Pas de plainte en diffamation
Le président a dit à Mme Borg qu’elle pouvait utiliser les mêmes recours que n’importe quel citoyen face à des atteintes à sa réputation. Mais, la députée ne compte pas porter plainte en diffamation contre le sénateur.
«En soulevant cette question de privilège, j’ai fait un geste contre les attaques personnelles à la Chambre des communes», dit-elle.
«Désormais, je veux concentrer mon énergie sur la représentation des citoyens de mon comté.»
La députée souhaite que si une autre jeune femme reçoit des commentaires déplacés à la Chambre, elle ait le courage de parler. Elle ajoute que même à l’extérieur du Parlement, toute femme qui est humiliée dans son travail devrait prendre la parole pour le dire.
Encourager les jeunes femmes en politique
Régulièrement, des groupes de jeunes étudiantes accompagnent Mme Borg à la Chambre des communes pour l’observer dans l’exercice de ses fonctions. Ces visites sont organisées par différentes universités.
Mme Borg dit avoir pris part à ce programme quand elle-même était étudiante à l’Université McGill et en avoir tiré beaucoup d’expérience.
«Je vais continuer à encourager les jeunes femmes en politique», dit-elle.
Rappel des faits : La querelle entre la députée Borg et le sénateur Dagenais
Dans un dépliant distribué dans son comté de Terrebonne-Blainville, la députée issue de la vague orange demandait l’abolition du Sénat. Elle y dénonçait une institution «coûteuse et antidémocratique» dans la ligne de son parti.
En réponse, le sénateur conservateur, Jean-Guy Dagenais, avait fait parvenir à la députée, mais aussi à l’ensemble des députés et des sénateurs, une lettre dans laquelle il qualifiait le dépliant de «torchon».
Le sénateur ajoutait que Mme Borg ne connaissait «rien en matière constitutionnelle» et que la vie parlementaire «ce n’est pas juste [du] chialage».
Trois jours après, le 9 décembre dernier, Mme Borg prenait la parole à la Chambre des communes pour réagir à cette lettre qu’elle qualifiait «d’attaque personnelle et honteuse de la part d’un sénateur conservateur non élu».
Elle finissait son allocution en demandant à M. Dagenais de démissionner, maintenant, de son poste de sénateur et l’invitait à se présenter contre elle, à Terrebonne-Blainville, aux élections de 2015 «pour avoir un débat d’idées».
C’était au président de la Chambre de statuer sur les suites à donner à cette affaire, ce qu’il a fait le 28 janvier dernier en déboutant Mme Borg.
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