Sainte-Anne-des-Plaines en guerre

Par Simon Servant
La municipalité de Sainte-Anne-des-Plaines a décidé de rejeter, lundi, le tracé de l’oléoduc Énergie Est proposé par l’entreprise pétrolière TransCanada.
Préoccupé par le tracé, le maire, Guy Charbonneau, a exprimé que l’installation de l’oléoduc allait hypothéquer une partie du territoire de façon permanente et irréversible. Déjà hôte d’une partie du pipeline d’Enbridge, ce dernier estime que le risque zéro n’existe pas et qu’il doit être encore plus vigilant.
« Nous avons appris de la première expérience. L’amélioration de nos connaissances tant des particularités de notre territoire que de la protection de notre environnement nous amène à déterminer certaines conditions de passage », a-t-il expliqué.
Le projet initial de TransCanada visait à faire en sorte que son oléoduc traverse les terres de la ville, ce qui coupait l’approvisionnement en eau des maisons et des cultures plus bas. Le deuxième tracé traverserait le boisé de la forêt du Trait-Carré sur plus de 10 kilomètres. Une autre proposition qui ne convient pas aux résidents.
« Ce tracé traverserait en outre de nombreux milieux humides et surtout le territoire de recharge de notre aquifère. Or, nous savons que toute la population de SADP, urbains comme ruraux, y compris la population carcérale ainsi que le bétail ou l’irrigation des cultures, dépendent de l’aquifère que nous avons sous nos pieds », a ajouté le maire, rappelant que c’était la raison qui avait forcé le Conseil à voter une réglementation pour protéger ladite forêt.
Autre option
La Ville propose quant à elle un tracé de moindre impact sur l’environnement et en concordance avec les balises du comité technique d’aménagement de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
Sainte-Anne-des-Plaines souhaite plutôt que l’oléoduc de TransCanada suive le même corridor de celui d’Enbridge afin de ne pas toucher à la flore.
« Nous avons consulté nos citoyens sur notre tracé et nous avons convenu que c’était la solution de moindre impact. Cela touche moins d’agriculteurs qui sont par ailleurs déjà hypothéqués par l’oléoduc d’Enbridge. Aussi bien concentrer les inconvénients sur les mêmes sites », a souligné M. Charbonneau.
La Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) devra également faire état de la situation auprès de la municipalité, qui semble bien décidée à mettre des bâtons dans les roues du géant pétrolier.
« Quand la CPTAQ nous demandera si le tracé proposé respecte notre règlement municipal qui interdit la coupe à blanc dans la forêt du Trait-Carré, nous serons dans l’obligation de répondre non. Nous demandons à TransCanada de se comporter en bon citoyen corporatif et de respecter les règlements de la communauté dans laquelle ils veulent s’installer », a conclu le maire.