Le FIQ-Syndicat des Professionnelles en soins des Laurentides déplore les conséquences du protocole de réanimation simplifié de la COVID-19 dans les milieux hors hôpitaux. Ce document, mis en ligne par le gouvernement, placerait les professionnels de soins au coeur d'un conflit éthique : porter secours à un patient atteint de la COVID hors hôpital malgré l'absence de protection ou se protéger, soi et les autres, sans avoir la garantie d'en garder des stigmates déontologique et psychologique.
Comme le document original le stipule dans son tout premier point, ce protocole a été créé pour uniformiser la réanimation cardiorespiratoire dans le contexte pandémique, dans tous les milieux de soins prenant en charge des usagers hors des hôpitaux, avec soins physiques aigus.
Cela inclut les centres d'hébergement et de soins de longue durée, les cliniques externes, les résidences privées pour aînés, les cliniques désignées d'évaluation, les unités de psychiatrie et tout autre milieu de soins.
Si dans le protocole, il est assuré que " La protection des intervenants et des travailleurs de la santé est la priorité en temps de pandémie " et que " La gestion des équipements de protection individuelle est essentielle pour opérationnaliser [les manoeuvres de réanimation]", il est également expliqué que les secteurs à plus haut risque (préhospitalier, urgences, soins intensifs) sont priorisés pour "protéger les travailleurs les plus à risque".
Les patients des hôpitaux privilégiés dans les soins
Ce protocole de réanimation simplifié amène Denis Provencher, président intérimaire, FIQ-Syndicat des Professionnelles en soins des Laurentides à réagir vivement: « Nos membres font face à un conflit éthique si elles n'interviennent pas chez un patient en détresse car sans protection, elles peuvent se contaminer ». Toutefois, soumises à ce protocole, elles disposent de peu d'options puisque « ne pas réanimer peut les exposer à des conséquences d'ordre déontologique », souligne-t-il.
Selon le FIQ, pour protéger les travailleuses, il faut favoriser l'effort collectif pour réduire la transmission du virus dans la collectivité. Le syndicat explique qu'il ne peut pas cautionner le fait de mettre les professionnelles en soins en danger; ni de mettre les professionnelles en soins en conflit avec leurs obligations déontologiques et leurs obligations de porter secours.
Par ailleurs, ce protocole entraînerait irrémédiablement la création de deux catégories de patients en mettant à part ceux en CHSLD, qui auront droit à moins de soins que ceux en milieu hospitalier.
Des protections et des garanties exigées par le syndicat
Le FIQ a trois principales revendications :
· Que les employeurs respectent leur obligation de fournir l’équipement de protection nécessaire (les masques N95) pour permettre aux professionnelles en soins d’intervenir promptement auprès d’un patient lorsque son état de santé l’exige.
· Que la gestion des équipements de protection individuelle soit centralisée et que les masques soient rapatriés, au besoin, dans les centres d’activités où il n’y en a pas.
· Que les ordres professionnels confirment aux professionnelles en soins qu’en l’absence de masques N95, si elles ne réaniment pas un patient, elles ne subiront aucune conséquence d’ordre déontologique.
Que faire si une professionnelle en soins se retrouve dans une telle situation (réanimation ou pas)? Denis Provencher assure : « On recommande qu’elle continue d’exiger les équipements de protection nécessaires. Si les équipements de protection nécessaires ne sont pas disponibles et qu’elle juge que la manœuvre de réanimation la met à risque ou met à risque des tiers, elle doit refuser de la faire personnellement et demander du secours », conclut-il.
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