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Travaux de recherche de l'Université de Montréal

Parkinson: pas besoin de reconnecter les neurones?

durée 12h00
21 juillet 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne

Il n'est possiblement pas nécessaire de restaurer toutes les connexions perdues dans le cerveau pour soulager les symptômes de la maladie de Parkinson, portent à croire des travaux réalisés à l'Université de Montréal.

Les expériences réalisées par le professeur Louis-Éric Trudeau, le doctorant Benoît Delignat-Lavaud et leurs collègues montrent en effet que les circuits du mouvement dans le cerveau de souris modifiées génétiquement sont insensibles à une perte presque totale de la sécrétion active de la dopamine.

L’équipe du traumatologue Louis de Beaumont, du Centre de recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, a constaté au même moment que les niveaux extracellulaires de dopamine dans le cerveau de ces souris étaient normaux.

La maladie de Parkinson est installée et progresse silencieusement depuis plusieurs années quand les premiers signes se manifestent. Environ 70 % du système dopaminergique aura déjà été perdu quand on constate que quelque chose cloche.

Des médicaments qui remplacent la dopamine peuvent aider, mais la solution n'est pas durable. 

«Il y a une période qu'on appelle la lune de miel et ça peut durer plusieurs années, a dit M. Trudeau. Tout semble bien fonctionner en termes de mouvement, et ça c'est un mystère depuis longtemps. Comment ça se fait, si on a perdu 70 % ou plus des connexions, qu'on donne un petit peu de (médication) et que tout va bien? Pourtant, on n'a pas restauré toutes ces connexions perdues.»

Il semblerait donc que les niveaux extracellulaires de dopamine suffisent à assurer le bon fonctionnement du cerveau, et que c'est seulement quand ils baissent en deçà d'un certain seuil que les symptômes apparaissent. En d'autres mots, l’activité des circuits du mouvement dans le cerveau ne nécessite apparemment que de faibles niveaux basaux de dopamine.

Les souris modifiées génétiquement par M. Trudeau et son équipe n'ont pas la capacité de produire de la dopamine. Mais même si 95 % de la dopamine libérée par l'activité électrique des neurones a été bloquée, «les souris n'ont pas de problèmes moteurs», a-t-il dit.

Les rongeurs demeurent capables de se déplacer et de bouger tout à fait normalement. La «clé de ce mystère», a expliqué M. Trudeau, semble être que le niveau extracellulaire de dopamine reste normal dans leur cerveau.

Le niveau de base de dopamine «est peut-être ce qui est critique, finalement, pour maintenir pendant longtemps la fonctionnalité des circuits du mouvement», a-t-il supposé.

Donc, pour soulager les symptômes du parkinson, il n'est peut-être pas essentiel de restaurer toutes les connexions entre les neurones: il pourrait suffire que le cerveau «baigne» dans suffisamment de dopamine pour pouvoir bien fonctionner, ce qui représente une cible thérapeutique complètement différente.

«Ça nous donne d'autres idées sur comment on pourrait aborder le traitement de la maladie de Parkinson, dit M. Trudeau. Je pense notamment que ceux qui essaient de développer de la thérapie cellulaire pour la maladie de Parkinson vont être intéressés parce que ça augmente les chances que ce qu'ils sont en train de développer va fonctionner.»

Des thérapies expérimentales sont en cours, a-t-il ajouté, «et moi, ça me donne espoir que ces approches-là vont fonctionner même si elles ne réussissent pas à reconnecter les régions (du cerveau)».

Cette découverte pourrait expliquer pourquoi, lors d'essais réalisés dans les années 1990, des patients à qui on a transplanté des cellules productrices de dopamine ont vu leurs symptômes être soulagés ― la connectivité entre leurs neurones n'avait pas été rétablie, mais la sécrétion de dopamine avait été augmentée.

«Il y a beaucoup de gens qui essaient de reconnecter les cellules dans le cerveau, mais ce n'est peut-être pas nécessaire finalement, a dit M. Trudeau. C'est un peu ça, une des conclusions de notre étude.»

Les conclusions de cette étude ont été dévoilées par la revue scientifique Nature Communications.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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