Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Infirmières et infirmiers du Québec

«L’Ordre doit se mettre au travail et corriger les failles de son examen»

durée 15h30
3 octobre 2023
ici

commentaires

ici

likes

imprimante
email
Par La Presse Canadienne

 Contrairement à ce que clame l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) depuis le début du fiasco entourant les taux d'échec massifs, ce n'est pas la pandémie qui est en cause, mais la validité de son propre examen, conclut le commissaire à l’admission aux professions dans un nouveau rapport déposé mardi.

En plus de réfuter l'argument principal de l'ordre, Me André Gariépy somme l’institution de «se mettre au travail» pour «corriger les failles de son examen». Il remet aussi sérieusement en doute la pertinence de recourir à l’examen américain comme le souhaite l’OIIQ.

Dans le troisième rapport d’étape de son enquête sur les circonstances ayant entraîné un taux d’échec anormalement élevé à l’examen de septembre 2022, puis de mars 2023, le commissaire Me André Gariépy réitère que l'explication se trouve dans «les failles et fragilités de l’examen», incluant «sa validité, sa fiabilité et l’établissement de sa note de passage».

Après s’être penché sérieusement sur l’argument de l’OIIQ selon lequel la pandémie aurait privé les candidates à l’exercice de la profession (CEPI) de précieuses heures de formation en laboratoire et d’un accompagnement adéquat en stage, Me Gariépy conclut qu’il s’agit là d’«impressions» découlant d’une «logique apparente et intuitive».

En s’appuyant sur des sondages et des entretiens menés auprès des CEPI et des établissements d’enseignement, ainsi que sur une revue de littérature scientifique portant sur les impacts de la pandémie sur la formation des professionnels en santé dans le monde, Me Gariépy affirme qu’il ne s’agit pas d’«une explication généralisable, suffisante et concluante».

Plus précisément, le commissaire reproche à nouveau à l'ordre d'avoir lui-même créé «une aberration statistique» en modifiant la note de passage après l'observation des résultats de l'examen de septembre 2022. Cette manipulation de la note de passage aurait fait basculer en situation d'échec quelque 500 candidates. 

«Au contraire de ce qu’a fait l’Ordre, on ne peut intervenir dans l’établissement de la note de passage d’un examen à enjeux élevés, affectant des milliers de personnes, sur la base d’impressions ou de convictions tirées d’observations non validées», assène le commissaire.

L'ordre avait jugé prudent d'appliquer un facteur d'«erreur de mesure» parce qu'il doutait de la validité des résultats. Un «ajout injustifié» aux yeux du commissaire.

Ce dernier déplore aussi le manque d'ardeur de l'ordre pour améliorer son examen actuel alors que, plus de six mois après le dépôt de ses premiers constats, des documents fondamentaux essentiels au bon fonctionnement d'un examen «demeurent absents, incomplets ou désuets, sans réel engagement de corriger la situation».

NCLEX-RN: «un faux dilemme»

Fait inusité, le commissaire à l'admission aux professions profite de la publication de ce nouveau rapport d’étape pour sortir de sa réserve habituelle et répliquer à l’OIIQ. Me André Gariépy n’a visiblement pas apprécié la manière dont l’ordre a appliqué ses précédentes recommandations de manière «sélective ou erronée».

Du même coup, il s’en prend à la solution avancée par l’ordre de saborder son examen pour adopter l’examen national américain comme l’ont fait d’autres provinces canadiennes. De l’avis de Me Gariépy, il ne s’agit pas d’une solution valable à court terme et il qualifie d’«irréaliste» l’échéancier évoqué d’un déploiement en 2024.

Par ailleurs, il révèle dans son rapport que l'OIIQ avait déjà pris la décision d'entreprendre des démarches en vue de s'approprier le NCLEX-RN avant même l'examen catastrophique de septembre 2022. La décision aurait été prise dès août 2022 et entérinée par le conseil d'administration en septembre, alors que les résultats n'ont été connus qu'en novembre.

Le commissaire accuse l’ordre de chercher «à placer les autorités publiques devant un faux dilemme» en négligeant son propre examen afin de «faire aboutir une autorisation précipitée et sans justification suffisante» de l’outil américain connu sous l'acronyme NCLEX-RN.

Comme le rapportait La Presse Canadienne le mois dernier, l'Office des professions serait très réticent à l'idée d'utiliser un outil étranger pour évaluer la compétence des futures infirmières québécoises. Le rapport déposé mardi semble renforcer cette position. 

Parmi les obstacles majeurs identifiés par le commissaire, il cite le niveau minimal de formation qui demeure le diplôme d'études collégial. Ailleurs en Amérique du Nord, on exige un baccalauréat et le NCLEX-RN évalue donc des connaissances et des compétences plus pointues que ce qui est attendu.

Si l'OIIQ persiste dans sa volonté de recourir au NCLEX-RN, le commissaire recommande une plus grande transparence dans la démarche et surtout que l'on corrige les failles de l'examen actuel puisqu'il pourrait s'écouler encore plusieurs années avant d'assister à une première séance de l'examen américain au Québec.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Ugo Giguère, La Presse Canadienne

RECOMMANDÉS POUR VOUS


Publié hier à 18h00

Le gouvernement suspend l'interdiction d'exporter des plastiques à usage unique

Le gouvernement fédéral suspend son projet d'interdiction de l'exportation de plastique à usage unique en raison des droits de douane et des problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement qui «exercent une pression considérable sur l'économie nationale». Samedi, le gouvernement a lancé dans la Gazette du Canada une consultation de 70 jours sur la ...

Publié hier à 15h00

Saison de la grippe: des réticences persistent face à la vaccination, dit un sondage

Alors que la saison de la grippe bat son plein, un sondage réalisé par la division de la firme Léger consacrée à la recherche dans le domaine de la santé démontre que 28 % des Canadiens sont réticents à se faire vacciner contre l’influenza. Trois principales sources d’inquiétude ont été identifiées par les 300 professionnels de la santé consultés ...

Publié hier à 12h00

Quatre mois après l'interdiction des téléphones à l'école: l'impact «est majeur»

Quatre mois après l'entrée en vigueur de l'interdiction des téléphones portables dans les écoles primaires et secondaires du Québec, plusieurs directions scolaires constatent des effets positifs sur la vie sociale, le niveau d’activité physique des jeunes, mais aussi sur la réussite scolaire. C’est l’avant-dernier jour de classe avant les ...