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Santé Canada approuve un médicament contre la dépression post-partum

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9 décembre 2025
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Par La Presse Canadienne

Santé Canada a approuvé le premier médicament conçu pour traiter la dépression post-partum.

La zuranolone, commercialisée sous le nom de Zurzuvae, se présente sous forme de comprimé à prendre une fois par jour pendant 14 jours et peut commencer à soulager les symptômes dépressifs en seulement trois jours.

Fabriqué par Biogen, ce médicament est autorisé aux États-Unis depuis fin 2023 et également au Royaume-Uni et dans l'Union européenne.

Une femme sur cinq souffre de dépression ou de troubles anxieux pendant ou après la grossesse, selon le site web de Santé Canada.

La zuranolone est un médicament bienvenu pour les femmes souffrant de dépression post-partum modérée à sévère, a indiqué la Dre Crystal Clark, titulaire d’une Chaire de recherche du Canada en santé mentale reproductive et cheffe associée de la recherche, Département de psychiatrie, Women’s College Hospital.

Les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont souvent utilisés pour traiter la dépression post-partum, mais ils agissent généralement moins rapidement et les femmes doivent les prendre beaucoup plus longtemps, a précisé la Dre Clark.

«Bien que nous disposions de traitements efficaces pour de nombreuses femmes souffrant de dépression post-partum, ce médicament sera le premier à ne nécessiter qu'une prise de deux semaines et à agir rapidement, en quelques jours seulement», a-t-elle souligné.

Les antidépresseurs ISRS augmentent la disponibilité de la sérotonine, un neurotransmetteur, dans les zones du cerveau associées à l'humeur.

La zuranolone est une version synthétique de l'allopregnanolone, un métabolite de la progestérone, une hormone dont le taux fluctue pendant la grossesse. Ce médicament agit sur les récepteurs GABA (acide γ-aminobutyrique de type A) du cerveau, impliqués dans la régulation de l'humeur.

Les changements hormonaux sont liés à l'apparition des symptômes de la dépression post-partum, a expliqué la Dre Clark.

Ce médicament est recommandé pour les dépressions post-partum modérées à sévères, la gravité étant mesurée par le degré d'altération du fonctionnement quotidien, a ajouté la Dre Clark.

Les symptômes peuvent inclure une humeur dépressive ou des sautes d'humeur importantes, une anxiété sévère ou des crises de panique, une irritabilité et une colère intenses, des sentiments de dévalorisation, de honte ou de culpabilité, des difficultés à créer un lien avec le bébé et une fatigue extrême qui s'ajoute au manque de sommeil auquel les jeunes parents sont généralement confrontés.

Les mères souffrant de dépression post-partum peuvent également présenter des changements d'appétit, des difficultés à se lever, à se doucher ou à s'habiller, même avec de l'aide pour le bébé.

Dans les cas les plus graves, elles peuvent avoir des pensées suicidaires, a mentionné la Dre Clark.

Nombre de ses patientes souffrant de dépression post-partum sont «choquées d'avoir un problème».

«J'entends parfois: "Je désirais cette grossesse, je suis impatiente d'avoir ce bébé, je ne comprends pas pourquoi je me sens si mal"», a-t-elle indiqué.

Détails de l'essai clinique

Dans un courriel adressé à La Presse Canadienne, Santé Canada a déclaré avoir procédé à un examen approfondi des données probantes de Biogen, démontrant que le médicament répond à tous les critères d'innocuité, d'efficacité et de qualité, et que ses avantages l'emportent sur ses risques lorsqu'il est utilisé conformément aux indications.

Ces données probantes comprennent notamment un essai clinique qui a utilisé l'échelle de dépression de Hamilton pour mesurer l'évolution des symptômes chez 196 femmes souffrant de dépression post-partum sévère. Ces femmes ont été réparties aléatoirement en deux groupes: l'un prenant du zuranolone, l'autre un placebo, une fois par jour pendant 14 jours.

L'étude a révélé une «réduction statistiquement significative» des symptômes dépressifs chez les participantes ayant pris le médicament. La mesure principale a été effectuée après deux semaines de traitement, mais les symptômes de certaines femmes se sont améliorés dès trois jours après le début de la prise du médicament.

Les chercheurs ont effectué un suivi auprès des participantes 45 jours plus tard et ont constaté que les symptômes demeuraient réduits.

On ignore combien de temps ces effets persisteront et s'il y aura des récidives de symptômes dépressifs au-delà de cette période, a avancé la Dre Clark. Elle a toutefois noté que les patientes aux États-Unis «réagissent bien» au médicament.

Les effets secondaires les plus fréquents chez les participantes à l'étude ayant pris de la zuranolone étaient la somnolence, des vertiges, la sédation et des maux de tête.

Les femmes ne devraient pas allaiter pendant la prise du médicament tant que des recherches supplémentaires n'auront pas déterminé son innocuité pour le nourrisson, a précisé la Dre Clark.

En raison de la somnolence potentielle, il est conseillé aux femmes d'être accompagnées pendant les premiers jours pour s'occuper du bébé, le temps d'observer sa réaction au médicament, a-t-elle ajouté.

Le Dr David Silver, gynécologue-psychiatre à l'UPMC de Camp Hill, en Pennsylvanie, prescrit de la zuranolone depuis plus d'un an et estime qu'il s'agit d'un «ajout très important» à l'arsenal thérapeutique contre la dépression post-partum en raison de sa rapidité d'action.

«Quand une femme vient d'accoucher et doit s'occuper d'un nouveau-né, chaque seconde compte», a-t-il rappelé.

Le Dr Silver a expliqué qu'il analyse les symptômes dépressifs de ses patientes pour déterminer si le traitement le plus approprié est un antidépresseur ISRS ou la zuranolone.

«Si elles ont déjà connu plusieurs épisodes dépressifs et que leur dépression a persisté tout au long de leur grossesse, et n'est pas apparue seulement au troisième trimestre ou juste après l'accouchement, alors un ISRS peut leur être bénéfique», a-t-il précisé.

«En revanche, si une patiente arrive sans avoir souffert de dépression pendant sa grossesse et que, soudainement, au troisième trimestre ou juste après l'accouchement, elle développe des symptômes marqués, alors c'est pour elle que j'envisage sérieusement la zuranolone», a-t-il détaillé.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Nicole Ireland, La Presse Canadienne

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