Zambito ne croit pas à une campagne propre

Par Eric Mondou
Malgré les efforts du gouvernement du Québec afin d’enrayer le financement illégal des partis politiques, l’ex-entrepreneur Lino Zambito demeure convaincu que plusieurs partis politiques de la Rive-Nord mènent actuellement des campagnes électorales qui sont loin d’être financées selon les règles de l’art.
Bien avant d’être la tête d’affiche de la commission Charbonneau, le nom de Lino Zambito avait fait résonner le Québec. C’était il y a quatre ans, presque jour pour jour, alors que la dernière élection municipale battait son plein.
Un reportage largement médiatisé l’avait alors incriminé d’avoir voulu trafiquer l’élection à Boisbriand, épisode qui selon lui n’a d’ailleurs jamais dévoilé toute la vérité.
Une élection municipale plus tard, après avoir vu une pléthore de politiciens être traînés dans la boue, Zambito n’en démord pas : les partis politiques municipaux de la région demeurent encore aujourd’hui appuyés par des bureaux d’ingénieurs et des bureaux d’avocats.
« Plus ça change, plus c’est pareil. Il y a encore une guerre entre bureaux d’avocats et bureaux d’ingénieurs qui se campent derrière les candidats. […] Oui, la commission Charbonneau a ébranlé les colonnes, mais le nœud de la guerre est encore là », a indiqué M. Zambito, qui dit avoir entendu beaucoup d’échos provenant du milieu.
Contrairement à Laval et à Montréal, où les travaux menés par l’Unité permanente anticorruption ont bouleversé le système mis en place, Zambito estime que la couronne nord est loin d’avoir reçu le ménage suffisant.
« C’est vrai, certains candidats ne se représentent plus. Mais j’ai l’impression que c’est seulement un maquillage. Les machines et les équipes sont encore là. On est plus prudent, on le fait différemment, mais les mentalités restent les mêmes », a noté celui qui réside à Lorraine.
Coût d’une campagne
Selon l’ex-entrepreneur, une équipe politique d’une municipalité de taille moyenne de la couronne nord, qui est sérieuse dans sa quête de pouvoir, devrait débourser autour de 100 000$ pour mener à terme une campagne électorale.
« La loi n’autorise même pas la moitié de ce montant-là. Les équipes n’ont pas le choix d’aller chercher du financement ailleurs. Et on sait comment ça marche. On demande de facturer la moitié et on propose de payer l’autre moitié comptant », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Zambito dit être impressionné par l’importante vague de candidats à être tentés par l’aventure municipale. Il soutient que les candidats indépendants, qui se targuent pour la plupart de s’auto-financer, restent, quoi qu’il en soit, des spécimens peu attrayants pour les bureaux d’avocats et d’ingénierie qui financent les partis.
Cordato et Ayoub réfutent les propos de Zambito
Marlene Cordato et Ramez Ayoub, maires sortants et candidats à la mairie de Boisbriand et Lorraine, ont tous deux contredit Lino Zambito qui affirme que des bureaux d’avocats et d’ingénieurs seraient derrière certains candidats sur la couronne nord.
« Ceux que vous voyez durant notre campagne électorale, soit les neuf candidats, ma fille, mon conjoint, c’est ça notre groupe », a tenu à préciser Marlene Cordato.
« Pour ce qui est de l’Équipe Ayoub, c’est faux à 110 %, a quant à lui révélé le maire sortant de Lorraine, Ramez Ayoub.
Directement impliquée dans le scandale entourant Lino Zambito lors de la dernière campagne électorale municipale de 2009, la mairesse de Boisbriand a également démenti les dires de Zambito concernant les coûts qu’engendrera sa campagne.
« Peut-être qu’il a lui-même vécu des campagnes à 100 000$, mais c’est loin de nous coûter ça », a-t-elle confié.
Sa formation dépensera selon elle en dessous des quelque 30 000 $ permis par la loi.
Même son de cloche pour le maire de Lorraine, qui estime pour sa part que sa campagne lui coutera moins de 20 000 $, alors que la loi lui permettrait de dépenser autour de 29 000$.
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