La députée de Terrebonne-Blainville se fait entendre

Par Fanny Arnaud
Le ton monte entre Charmaine Borg, la députée de Terrebonne-Blainville, et le sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais. Ce dernier lui a envoyé une lettre virulente en réponse à son dépliant pour l’abolition du sénat.
La querelle qui les oppose depuis plusieurs semaines a pris de l’ampleur, le 9 décembre dernier, quand la députée a soulevé une question de privilège à la Chambre des communes.
Un député soulève une question de privilège quand il estime que sa crédibilité a été mise en doute et qu’il y a eu outrage au parlement. C’est à la Chambre de déterminer s’il y a matière à question de privilège ou non. La procédure peut conduire à des mesures d’ordre administratif.
La députée dit avoir agi pour deux raisons. D’abord, elle veut démontrer que le sénateur n’a pas respecté le règlement de la Chambre. Ensuite, elle affirme qu’il est de sa responsabilité de s’insurger contre les attaques personnelles dans le débat public.
Des échanges virulents
Dans le dépliant distribué dans son comté, la députée issue de la vague orange demande l’abolition du Sénat. Elle y dénonce une institution «coûteuse et antidémocratique» dans la ligne de son parti.
Il n’en fallait pas moins pour faire réagir le sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais. Le 6 décembre dernier, il a fait parvenir à la députée, mais aussi à l’ensemble des députés et des sénateurs, une lettre dans laquelle il qualifie le dépliant de «torchon». Le sénateur ajoute que Mme Borg ne connaît «rien en matière constitutionnelle» et que la vie parlementaire «ce n’est pas juste [du] chialage».
«Ça a choqué tous mes collègues, dit Mme Borg. J’ai reçu des commentaires de partout au Canada, des gens vraiment déçus qui m’encourageaient.»
Allocution à la Chambre des communes
Trois jours après, Mme Borg prenait la parole à la Chambre des communes pour réagir à cette lettre qu’elle qualifie «d’attaque personnelle et honteuse de la part d’un sénateur conservateur non élu». Elle dénonce une lettre diffamatoire.
Elle finit son allocution en demandant à M. Dagenais de démissionner, maintenant, de son poste de sénateur et l’invite à se présenter contre elle, à Terrebonne-Blainville, aux élections de 2015 «pour avoir un débat d’idées».
Le président de la Chambre doit statuer sur les suites à donner à cette affaire.
Le sénateur reste sur sa position
Richard Desmarais est conseiller politique dans l’équipe du sénateur. Il dit que M. Dagenais maintient ce qu’il a écrit et que le dépliant contenait des erreurs. Il précise notamment que le sénat n’est pas une institution antidémocratique, car inscrit dans la Constitution. Enfin, il conclut en disant que, pour le sénateur, «le dossier est clos».
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