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Politique fédérale

Justin Trudeau promet une aide rapide, mais ponctuelle aux producteurs agricoles

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23 février 2023
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Par La Presse Canadienne

Le premier ministre Justin Trudeau a promis, mercredi à Longueuil, une aide rapide, substantielle, mais ponctuelle aux producteurs agricoles venus témoigner des difficultés, mais aussi de la détresse vécue dans leur industrie.

Cette détresse était palpable lorsqu’Yves Laurencelle, de Longue-Rive, «le dernier producteur bovin» de la Côte-Nord, est venu raconter un événement survenu l’automne dernier dans sa région: «Un jeune qui était découragé s'est passé la corde dans le cou dans l'après-midi. Heureusement, ses parents l'ont trouvé, l'ont décroché et l'ont entré à l'hôpital. Moi, j'ai peur que, dans ma région, c'est ce qui va arriver dans les mois à venir parce que les fermes familiales, c'est une question de coeur, c'est viscéral. Faire faillite demain matin et perdre l'entreprise de tes grands-parents, de tes parents… je pense que si ça m'arrivait dans mon cas à moi, je ne sais pas comment je réagirais parce que j'aurais l'impression de trahir ma famille, de ne pas avoir réussi.»

M. Laurencelle, qui a été chaleureusement applaudi par les quelques dizaines de producteurs venus discuter en forum avec le premier ministre au quartier général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), a expliqué que «chez nous, il y a des clés qui sont sur le coin du bureau du banquier. Ce n'est pas une question de six mois ou d'un an, c'est deux mois.»

Une aide temporaire

Visiblement touché, Justin Trudeau a répété à quelques reprises qu’il avait bien entendu le cri du cœur des producteurs, après les avoir assurés qu’il ne laisserait pas tomber: «Ce qu'on est en train de regarder, c'est qu'est-ce qu'on peut faire de façon ciblée pour aider les gens à tenir bon maintenant, pendant les mois à venir, pendant les six mois à venir, peut-être pendant l'année à venir.»

De nombreux producteurs, mais surtout des productrices agricoles, avaient pris la parole avant l’intervention dramatique de leur collègue nord-côtois. La Gaspésienne Leila Arbour, venue plaider pour un meilleur soutien de la relève, a fait valoir qu’il fallait «de l'aide financière, c’est sûr; de l’aide psychologique aussi». 

«Autour de moi, j'ai beaucoup de relève qui panique. Ça ne va pas bien, mais vraiment pas. On se lance dans l'agriculture, on a ce rêve-là, cette passion au coeur (...) À partir du moment où tu n'as plus de qualité de vie, tu n'as plus de moyens financiers, tu n'as plus de vie sociale, tout ce que ça fait c'est une relation toxique», a-t-elle laissé tomber. Elle a rappelé que les prêts d’urgence reçus durant la pandémie arriveraient bientôt à échéance et que l’on devait cesser de leur offrir cette forme d’aide alors que l’inflation les prend à la gorge: «On doit rembourser à l'automne. On est tous accotés, on est tous en train d'étouffer et on nous offre des prêts?» 

Hausse de 300 %

Daniel Abel, producteur laitier et de grains de la région du Centre-du-Québec a expliqué que la crise inflationniste avait non seulement fait bondir ses coûts d’opération de 40 % du côté des carburants, des intrants et des frais de transport, mais que la hausse des taux d'intérêt avait fait gonfler ses paiements de 300 %: «On va se river le nez dans le mur assez d'aplomb. Quand même qu'on nous avancerait un prêt avec une échéance repoussée, ça ne nous aide pas.»

Bien qu’il n’ait pas voulu élaborer davantage sur ce que son gouvernement préparait, M. Trudeau a cherché à encourager l’auditoire en se montrant d’un optimisme presque débordant: «On sait que l'inflation commence à baisser. On l'a vu, on vient de voir un 5,9 %. L'inflation qui commence par un 5, c'est une bonne nouvelle (…) On espère aussi que la Banque du Canada va continuer de garder les taux là où ils sont et on espère les voir baisser dans les mois à venir.»

«Une fois qu'on va sortir de la situation d'inflation et des très hauts taux d'intérêt où on est maintenant, l'économie canadienne est en très très bonne position. On doit tout d'abord reconnaître que c'est très difficile maintenant, mais ça ne va pas l'être dans six mois, dans un an ou ça va l'être beaucoup moins dans six mois, dans un an», a-t-il affirmé.

Pas de chèques pour tous

Justin Trudeau a insisté à quelques reprises sur la nécessité d’aider «de façon ciblée pour contrer l'inflation». 

Il a du même souffle balayé du revers de la main l’idée d’une intervention calquée sur celle réalisée par le gouvernement de François Legault, soit d’envoyer des chèques à la population: «Si jamais on disait: l'inflation c'est super difficile, on va envoyer 1000$ à chaque citoyen pour qu'il puisse acheter plus d'épicerie, instantanément l'inflation va augmenter, doubler, tripler. Ça ne marche pas comme ça.»

Il ne s’est pas privé au passage de lancer un message à peine subtil aux provinces qui réclament des sommes considérables pour soutenir leurs réseaux de santé, revenant sur les interventions d’urgence de son gouvernement: «Le gouvernement fédéral a tellement investi pendant la pandémie - 8 dollars sur 10 (provenaient) du fédéral pour aider à passer à travers la crise - que les provinces se retrouvent maintenant dans une position fiscale nettement meilleure que le gouvernement fédéral.»

Et pourtant, malgré les dépenses colossales d’Ottawa, Justin Trudeau a fait valoir que le Canada présente «le plus petit déficit de tous les pays du G7» et qu’il est l’un de seulement trois pays, avec les États-Unis et l’Allemagne à se mériter une cote de crédit AAA des grandes agences de notation. Ce sont notamment ces données qui font croire au premier ministre que les difficultés actuelles ne dureront pas au-delà d'un an.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

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