CHSLD : Les listes d'attente s'allongent
Par Josiane Yelle - Rémi Nadeau / Agence QMI
Depuis l'automne dernier, Mme Légaré* a perdu beaucoup d'autonomie. Atteinte d'Alzheimer, la dame de 70 ans requiert désormais une surveillance constante. Devant les comptes à payer pour sa résidence privée, ses proches sont toutefois à bout de souffle. Depuis six mois, ils attendent une place en CHSLD et rien ne semble prêt de se libérer. Mais Mme Légaré n'est pas seule. Ils sont 307 en attente d'une place dans les Laurentides.
C'est l'Association québécoise des personnes retraitées des secteurs public et parapublic (AQRP) qui a obtenu les données à la suite d'une demande d'accès à l'information. Les chiffres sont étonnants. On apprend notamment que le taux d'occupation est de 100 % dans les 20 centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) de la région des Laurentides.
Colette Latour, présidente de l'AQRP dans la région, trouve la situation inquiétante. «Quand on sait que la population est vieillissante et que le quart des personnes seront atteintes d'Alzheimer, on est à même de se poser des questions.» Et le portrait n'est pas plus reluisant pour l'ensemble du Québec. Ils sont plus de 6000 personnes en attente d'une place dans la province.
Le cas de Mme Légaré
Jointe par téléphone, la sœur de Mme Légaré ne semble pas trouver la situation évidente. «L'institution privée coûte environ 2500 $ par mois et ça ne compte pas l'achat des couches, le nettoyage de la literie et de ses vêtements, énumère-t-elle en guise d'exemples. Les crédits d'impôt ne sont définitivement pas assez élevés pour contrer toutes ses dépenses.»
Référée à de plus petits établissements, elle hésite également à changer sa sœur d'endroit. «En raison de l'Alzheimer, elle est portée à fuguer. Ça lui prend donc une surveillance constante», précise-t-elle, indiquant qu'elle n'a pas assez d'informations sur ces centres pour y placer sa sœur. Selon celle-ci, le gouvernement mise beaucoup trop sur les aidants naturels, qui eux font leur possible, alors qu'ils ont également d'autres préoccupations.
L'avis du gouvernement
Face aux demandes de l'AQRP, l'ancienne ministre déléguée à la Santé et aux Services sociaux, Lise Thériault, a affirmé que la création de 6000 nouvelles places en CHSLD, qui coûteraient 300 M$ par année au gouvernement, ne représente pas une solution. «D'abord, ce que les gens veulent, ce ne sont pas des places en CHSLD, c'est la possibilité de demeurer le plus longtemps possible dans leur demeure, et ensuite, la précarité des finances publiques ne permet pas de créer autant de places qui coûtent chacune 50 000$ par année», précise la ministre.
Selon Mme Thériault, c'est pour cette raison que le gouvernement Charest a préféré injecter 362 M$ supplémentaires dans les soins à domicile entre 2003 et 2008, plutôt qu'augmenter significativement les places en établissements.
Elle précise aussi que les personnes dont les noms figurent sur les listes d'attente pour des places en CHSLD ont été évaluées et qu'elles bénéficient de soins prodigués par le CLSC de leur secteur. «Lorsque les gens sont en attente, ça ne veut pas dire qu'on ne s'en occupe pas. Les personnes aînées sont suivies et priorisées en fonction de leur état et des soins qu'elles nécessitent.»
La ministre déléguée a aussi indiqué que le nom d'une même personne peut se retrouver sur les listes d'attente de deux ou trois établissements, ce qui fausse le nombre de 6 000 avancé par l'AQRP.
*Un nom fictif a été employé afin de conserver l'anonymat.
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