Un Rosemèrois semble avoir la clé de la solution
Par Josiane Yelle
Depuis le séisme du 12 janvier dernier en Haïti, Maurice Monette planche sur un prototype de maison modulaire qui pourrait bien servir à la reconstruction du pays. Le Rosemèrois a appris récemment que son projet a été présélectionné parmi les milliers de documents présentés au concours dirigé par Malcolm Reading Associates pour le compte du gouvernement d'Haïti.
Il faut d'abord savoir que depuis plus d'une quarantaine d'années, M. Monette est président de la compagnie Tenta, une entreprise spécialisée dans le domaine des tentes et des bâtiments de structures et toiles sur mesure que l'on retrouve aux États-Unis, en Égypte et en Roumanie, notamment.
Lors du tremblement de terre, celui-ci a donc tout simplement sorti du placard un ancien projet de maison modulaire qu'il avait d'abord pensé pour l'Afrique. Depuis, il avoue avoir de la difficulté à joindre les deux bouts.
C'est par l'entremise de la William J. Clinton Foundation, partenaire du projet et également responsable de la Commission intérimaire de Reconstruction du pays, que l'entrepreneur a pu faire valoir son projet. «J'ai sollicité tous les organismes humanitaires afin qu'ils m'aident à avoir un laissez-passer pour présenter mon projet et c'est finalement l'adjointe de Bill Clinton, une petite Québécoise de chez nous, qui a été la seule à me répondre et qui m'a guidé», explique celui-ci.
Des maisons à toute épreuve
Les modèles de maisons que souhaite installer M. Monette peuvent supporter un séisme jusqu'à sept sur l'échelle de Richter. Rien à voir avec ce qui était bâti auparavant.
Pourtant, le concept semble simple. On y retrouve, entre autres, des pieux vissés au sol, des structures d'aciers emboîtées les unes dans les autres qui se soumettent aux grands vents, mais surtout, des matériaux résistants au feu, flottants, et légers. «Les panneaux du toit ne pèsent que 28 livres. Si jamais ils tombaient, personne ne serait blessé.»
Par ailleurs, les maisons sont modulaires. Tout se défait, se déplace et se remonte sans problème. Tous les aspects sur lesquels l'équipe de l'entrepreneur travaille semblent donc avoir été pensés. Les toits permettent une aération considérable et l'extérieur des maisons peuvent arborer l'esthétique que son propriétaire souhaite bien lui donner.
Les Villages modernes que M. Monette souhaite réaliser, quant à eux, seraient dotés de systèmes filtrant les égouts et les transformant en compost. L'eau qui en ressortirait serait pratiquement potable.
C'est avec conviction que M. Monette présente son projet qui regroupe l'expertise de plusieurs sous-traitants. «Je suis allé chercher de gros joueurs internationaux pour m'appuyer», confie celui-ci. Il parle notamment de Joseph Fignolé Jean-Louis, Conseiller national de la Chambre de Commerce d'Haïti, mais aussi Vice-président de la Chambre de Commerce, d'industrie et de profession du Centre, qui l'a beaucoup conseillé sur le mode de vie de cette communauté.
Des mois d'attente
D'octobre à janvier prochain, les 365 finalistes participeront à une exposition afin de faire valoir leur projet à la communauté internationale. «Nous, on prend de l'avance, note l'instigateur du projet. Dans trois semaines, il en aura déjà une de construite à Saint-Eustache afin d'avoir le plus de temps possible pour l'améliorer.»
C'est d'ailleurs en parlant des délais que l'entrepreneur souligne l'importance des conteneurs qui sont installés en ce moment par des entreprises d'ici, en attendant l'aide internationale. «Ils apportent une aide immédiate, en attendant que la communauté internationale s'organise et implante des installations permanentes.»
Pour le reste, c'est seulement en 2011 que l'on devrait connaître les projets sélectionnés pour la reconstruction permanente d'Haïti.
Pour l'homme de Rosemère, la présélection est déjà une victoire en soi. Mais il continue de regarder loin. «Dès que la commande sera passée, nous serons prêts à partir en moins de 10 semaines», précise Maurice Monette, convaincu qu'il serait en mesure de mettre sur pied quelque 1000 maisons par mois si on lui en donnait seulement la chance.
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