Jean Paquette déclare faillite

Par Caroline D'Astous / Agence QMI
Sous le coup d'une enquête policière, Jean Paquette, l'ex-attaché politique du Parti québécois dans le comté de Groulx, a déclaré faillite laissant en plan des dizaines de petits investisseurs.
La cinquantaine de personnes qui avaient confié leurs épargnes à M. Paquette - qui se serait fait passer pour un conseiller financier - ont récemment reçu du syndic Belhumeur Pronovost un avis disant que ce dernier a déclaré faillite pour un montant de 951 881,56 $, en date du 14 juillet.
La raison évoquée : la malchance, peut-on lire, dans le document obtenu par le journal.
« Je ne peux pas croire qu'il soit aussi facile de flouer des gens et de s'en sortir en déclarant faillite », déplore Jean-Marc Proulx, qui a perdu 15 000 $, dans l'affaire.
C'est la quatrième faillite depuis 1997 pour M. Paquette. En 2008, il avait déclaré une faillite de 1 019 200,00 $ auprès du syndic Pierre Roy & Associés. Il en avait été libéré neuf mois plus tard. Dans ses deux dernières faillites, on retrouve une centaine de petits investisseurs, ayant perdu quelque 20 000 $, en moyenne.
La Sûreté du Québec confirme mener une enquête sur Jean Paquette, à la suite de plaintes déposées par les investisseurs.
Un héritage attendu
Ce dernier n'hésitait pas à recruter des clients, dans le cadre de ses fonctions au bureau de comté du député de Groulx. M. Paquette demandait un minimum d'investissement de 5000 $, tout en offrant 24 % d'intérêt. La transaction était accompagnée d'un contrat de prêt. « Il disait qu'il investissait le montant », explique Robert Smith.
Pour rassurer les investisseurs, il indiquait, dans les contrats, qu'il était le bénéficiaire d'un héritage de 2 millions $. « J'ai emprunté 10 000 $ pour investir et je dois maintenant rembourser, souffle Jean Bisson. Avec deux enfants, ça aurait pu aller dans leurs études. »
Déclaration contestée
M. Paquette a déclaré au syndic avoir remboursé Daniel Legault et sa conjointe, ainsi que Jean-Marc Proulx, ce que ceux-ci nient avec véhémence.
« Notre rôle est de prendre la déclaration de notre client sous serment et de nous fier à sa bonne parole », indique Mathieu Roy, commissaire à l'assermentation de la firme Belhumeur Pronovost.
Prévue pour le 16 août, l'assemblée des créanciers sera chapeautée par le Bureau du surintendant des faillites (BSF), qui mène actuellement une enquête.
« Dans le cas de M. Paquette, l'enquête effectuée par le BSF déterminera de quelle façon le débiteur a emprunté et a obtenu les fonds mentionnés dans son bilan », a précisé le BSF au Journal.
Même le député se serait fait avoir
Après avoir assuré qu'il n'avait jamais eu vent des agissements de son ex attaché politique dans son bureau de comté, le député de Groulx René Gauvreau fait volte-face et affirme qu'il devrait lui-même faire partie de la liste des créanciers.
« Jean Paquette me doit 3500 $. J'ai avancé cet argent pour qu'il rembourse une personne », a-t-il confié au journal.
Au moins deux anciens attachés politiques, Frédéric Morier et Gilles Lavigne, auraient également perdu, respectivement, 2500 $ et 20 000 $, selon l'avis de faillite du syndic Belhumeur Pronovost.
Selon plusieurs investisseurs, M. Paquette distribuait ses cartes d'attaché politique en même temps que ses cartes de conseiller financier. « Il m'a lui même donné une de ces cartes où il était écrit planificateur financier », raconte le député.
Dans le bureau du député
Benoît Tyrrell, un investisseur ayant perdu 12 500 $, mentionne, pour sa part, avoir rencontré M. Paquette au bureau de comté de Groulx.
« Je l'ai appelé (M. Paquette) pour qu'il me rembourse mon argent. Il m'a donné un premier rendez-vous dans un stationnement et, après, au bureau de comté, où il disait avoir l'ensemble des papiers », explique-t-il.
Ces informations n'ont pas étonné l'actuel président de l'exécutif du Parti québécois de Groulx Mario Charron. « J'ai moi-même été rencontrer l'équipe de Pauline Marois, en mars 2010, pour leur dire qu'il y avait des choses qui ne fonctionnaient pas, dans le bureau du député », a-t-il indiqué au Journal.
Député indépendant
À la suite de cette saga, notamment, René Gauvreau siège comme député indépendant depuis le 21 juin dernier.
Selon l'attaché de presse de l'aile parlementaire du PQ Éric Gamache, qui s'est montré avare de commentaires, M. Gauvreau ne pourra réintégrer le caucus tant que les enquêtes entourant le bureau de Groulx et son ex-attaché politique ne seront complétées.
Pourtant, le président de l'exécutif confirme avoir demandé à la permanence du PQ une investiture pour la fin se ptembre afin de désigner un nouveau représentant pour le comté de Groulx.
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