Une mission périlleuse pour un soldat d'ici

Par Josiane Yelle
Il ne s'est écoulé qu'un mois entre son arrivée en sol afghan et le jour où son confrère de section, le caporal Steve Martin, a été tué par l'explosion d'une bombe artisanale. Sans hésitation, Francis Nadeau, un soldat du Royal 22e Régiment, en parle comme étant la pire journée de sa vie.
« J'étais à environ 300 ou 400 mètres de lui quand j'ai entendu l'explosion. Ç'a commencé raide », indique le militaire originaire des Basses-Laurentides. « Malgré toute la formation qu'on reçoit, on n'est jamais prêt à ça. »
Bien qu'il précise n'avoir jamais regretté son choix, l'homme de 25 ans mentionne qu'il y a tout de même eu deux journées durant lesquelles il s'est demandé ce qu'il faisait là. Francis Nadeau savait combien c'était dangereux. Il préférait toutefois penser que les pires histoires n'arrivent qu'aux autres.
« J'ai été plus peureux par la suite. La meilleure chose à faire a été de retourner sur le terrain le plus vite possible. C'est comme la bicyclette sur laquelle il faut remonter. On a eu deux jours de congé, mais après, il a fallu se motiver et se retrousser les manches. Sinon, on n'y serait jamais retourné », raconte-t-il.
L'utilité de la mission
La mission principale de ce maillon du groupement tactique était, entre autres, de sécuriser la construction d'une route entreprise par l'OTAN. « Il fallait s'assurer que les insurgés ne viennent pas poser des bombes ou attaquer les camions. À un moment donné, on faisait des journées de plus de 15 heures. On faisait des allers-retours sur une distance d'un kilomètre durant la nuit. »
« J'ai vu rapidement que ce qu'on faisait était bien », ajoute-t-il. « Avant qu'on arrive, il y avait des attaques chaque jour et quand on est parti, il n'y en avait pratiquement plus. »
Selon un article de la Capitaine Mélina Archambault, la face du District de Panjwayi, une région de l'Afghanistan considérée comme aussi inhospitalière que dangereuse, aurait considérablement changé après le passage du bataillon. Durant les huit mois de l'opération, 130 opérations auraient menées à la découverte de 300 caches et 250 engins explosifs. Plus de 3000 patrouilles auraient également été effectuées, huit écoles auraient été ouvertes et 30 kilomètres de routes auraient été construites.
Des conditions difficiles
Malgré quelques journées de repos, les conditions dans lesquelles il a vécu étaient parfois difficiles. « Des fois, on dormait au même endroit pendant plusieurs jours. Mais c'est aussi arrivé que des ingénieurs nous creusent un trou pour qu'on s'y couche. L'hiver, là-bas, c'est presque aussi froid qu'au Québec », mentionne-t-il.
Francis Nadeau est revenu au Québec le 12 juillet dernier. En tout, sa mission aura duré huit mois. « Bien qu'il ne fasse pas une croix sur l'idée de repartir, il préfère attendre un peu. « C'est dur pour les nerfs », conclut celui dont le convoi n'a pas été épargné.