Employés invalides de Nortel: il n'y a pas de répit à l'horizon

Par Josiane Yelle
La tempête qu'il devinait à l'horizon s'est finalement manifestée. Marc Girard, cet ancien employé de Nortel aujourd'hui invalide, s'est vu couper son assurance invalidité au cours de la dernière année.
Il y a un an, L'Écho de la Rive-Nord a raconté l'histoire de ce résidant de Blainville, aux prises avec la sclérose en plaques depuis 1998 et contraint d'arrêter de travailler quatre ans plus tard.
Celui-ci voyait poindre un nuage noir et se demandait s'il allait être épargné, alors que la célèbre compagnie de télécommunication, sous la loi de la protection de la faillite depuis 2009, avait arrêté de déposer des fonds pour ses 400 employés invalides.
« Malheureusement, nos démarches n'ont pas donné les résultats escomptés et la tempête est passée. Nos prestations d'assurance invalidité sont terminées », dit celui dont la facture de médicaments s'élève à 25 000 $ par année.
Marc Girard indique que sa conjointe et lui avaient prévu une réduction des dépenses et une plus grande participation de leurs adolescents.
« On n'a pas eu le choix. Nous n'avons qu'un seul salaire pour combler les besoins d'une famille de cinq », ajoute celui dont le seul revenu personnel provient de la rente d'invalidité de la Régie des rentes du Québec.
Revers par-dessus revers
Au cours de la dernière année, Marc Girard et les personnes dans la même condition que lui ont également dû subir un autre revers, alors que le projet de loi S-216, présenté par les Libéraux, a été rejeté.
Celui-ci avait pour but de modifier la Loi sur la faillite et l'insolvabilité en vue de protéger les prestataires de régimes d'invalidité de longue durée. Il visait notamment à ce que les invalides deviennent des créanciers préférentiels, de sorte qu'une partie de l'argent de la vente des unités administratives de Nortel leur revienne dans des délais raisonnables.
« Les conservateurs ont voté en bloc contre le projet. On espérait qu'il arrive quelque chose au niveau des trois autres partis qui semblaient sympathiques à notre cause, mais il y a eu les élections et les conservateurs sont rentrés majoritaires, se désole-t-il. J'espère juste que le gouvernement rétablisse la situation ».
Selon M. Girard, il faut absolument que la loi change avant que l'argent soit séparé entre les différents créanciers, et ce, même si les procédures peuvent s'éterniser sur plusieurs mois. « Sinon, c'est terminé. Il sera trop tard. On ne pourra plus retourner en arrière », conclut-il, quelque peu désabusé.