La négligence d'un ancien « ermite » sème la controverse

Par Simon Dessureault
Un couple qui veut faire construire une résidence à Blainville sur la rue Paul-Albert se retrouve avec un problème de contamination de terrain qui pourrait perdurer même s'il le fait décontaminer à fort coût.
Vincent Éthier et Janic Laflamme pourraient être obligés de payer un montant exorbitant en raison d'un voisin qui a été négligent par le passé. Un manque de rigueur de la Ville de Blainville pourrait aussi faire perdurer leur problème.
Mise en contexte
M. Éthier s'est vu léguer par son père un terrain sur la rue Paul-Albert (adresse civique 56) où le couple veut s'installer. Une étude environnementale de la firme Laforge Environnement, demandée par M. Éthier et non la Ville, a prouvé qu'une partie de son terrain est contaminé. « Les résultats analytiques en métaux lourds de bases pour l'échantillon de sol se sont avérés supérieurs au niveau des critères génériques du ministère de l'Environnement », est-il écrit dans le rapport.
Mais le terrain voisin (58 et 60 Paul-Albert) a longtemps été habité par un « ermite » qui a été négligent pendant plus de 30 ans, et qui pourrait bien être le responsable de la contamination du 56 Paul-Albert.
« Il y avait de la carcasse automobile qui traînait, de l'huile et des déchets de toute sortes pendant très longtemps. C'était dégelasse et c'était visible à l'œil nu. Je soupçonne que l'état de ce terrain à contaminé le mien », affirme d'abord Vincent Éthier.
Sa conjointe abonde dans le même sens : « Décontaminer le terrain nous coûtera plus de 5000 $. À partir du moment où on va être « clean », la contamination pourrait refaire surface vu que ça vient fort probablement du terrain voisin ».
L'ermite en question est aujourd'hui décédé et sa maison a été démolie en octobre dernier. Dès le début du mois de novembre, le Groupe Mathieu a entamé des travaux pour les nouveaux propriétaires.
Une analyse de sol
De son côté, la Ville n'a pas obligé l'entrepreneur à faire une analyse du sol avant qu'il construise. « On n'a pas exigé une caractérisation du sol, mais après avoir délivré le permis, on a dit au Groupe Mathieu qu'il serait mieux de vérifier. L'entrepreneur a alors fait une étude. Elle révèle que le taux de contamination du terrain est inférieur à la norme pour permettre la construction résidentielle », explique Yves Meunier, le directeur des communications de la Ville de Blainville.
« On a demandé à M. Éthier de nous fournir de l'information autre que verbale et du ouï-dire. Il ne nous a rien fourni, qui soit écrit alors qu'il nous a mentionné qu'il avait une étude que l'on a jamais vu. Si on avait eu de l'information écrite, on aurait peut-être agi avant. L'histoire dit que ce terrain a toujours été résidentiel. Il n'y a jamais personne qui a dénoncé qu'il y avait d'autres genres d'activités. Ce qu'il mettait sur son terrain est du domaine privé, à moins que ce soit une nuisance », ajoute M. Meunier.
Aussi, M. Éthier a montré à L'Écho de la Rive-Nord un échange de courriels entre fonctionnaires de la Ville qui démontre que Blainville savait que le terrain voisin serait fort probablement contaminé.
« J'ai souvent aperçu des voitures ayant l'air abandonnées sur le terrain. Ceci pourrait être considéré comme un risque potentiel de contamination. Également, l'entreposage de pièces de véhicules automobiles sur le terrain pourrait également constituer un risque potentiel de contamination. (.). Le courriel est signé le 14 avril au nom d'Éric Lépine, chef de division Environnement de la Ville de Blainville.
« Mais même s'il y a des contaminants, ça ne veut pas dire que ça vient du voisin. Ça peut venir de la nappe phréatique ou des eaux souterraines », conclut M. Meunier.
La conformité des travaux est aussi remise en question
M. Éthier affirme aussi que les travaux du Groupe Mathieu ont été commencés avant que la Ville n'émettre les permis nécessaires.
Ce dernier a entre ses mains les copies des permis et des dates auxquelles ils ont été délivrés. Le permis pour le 58 Paul-Albert a été émis le 10 novembre et celui pour le 60 le 16 novembre.
En allant sur les lieux le 6 novembre, M. Éthier découvre qu'il y a une pelle excavatrice avec un voyage de pierres concassées. « Trois personnes discutaient sur le terrain. Leur expliquant la situation de possible contamination, je me fais répondre qu'ils creusent coûte que coûte dus à leur échéance et que de toute façon ils pourront voir à l'œil en creusant s'il y a des contaminants dans le sol. Je leur ai répondu qu'ils sont très bons, car des chercheurs avec des années d'expérience ne peuvent pas voir tous les contaminants à l'œil nu. Ils m'ont répondu qu'ils ne creusent pas un terrain pour construction », explique M. Éthier.
Le lendemain la Ville lui a répondu qu'elle allait voir pour les permis et que si rien n'a été fait au niveau des évaluations environnementales, elle va stopper les travaux.
Le 8 novembre à 16h 30 M. Éthier a constaté que le solage était tout coulé au 58 et que l'asice était coulé au 60. « Le même jour, la Ville m'a dit avoir émis un permis de démolition, mais pas de permis de construction », a mentionné M. Éthier. Depuis ce temps, M. Éthier n'a toujours pas réussi à parler avec la Ville de Blainville.
De son côté, la Ville dit avoir appelé l'entrepreneur le 7 novembre pour lui dire qu'il allait avoir son permis. « Ça a pris quelques jours avant qu'il vienne le payer et le chercher », explique Yves Meunier.
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