Un ex-employé d'Aveos est plongé dans l'incertitude

Par Josiane Yelle
Un travailleur licencié d'Aveos, résidant des Basses-Laurentides et père de trois jeunes enfants, vit d'incertitudes depuis que la compagnie de maintenance a cessé ses opérations sans qu'il ne puisse véritablement prévenir le coup.
Guillaume Lemire travaillait depuis 1994 chez Air Canada puis Aveos. C'est un de ses collègues qui lui a téléphoné pour l'informer qu'il ne devait pas rentrer au travail le 19 mars. Aucun patron ne l'a appelé.
« Ça fait des années qu'on vit avec des rumeurs de fermeture au-dessus de nos têtes. À moment donné, je suis devenu insensible à ça. J'avais espoir de rester. Ils venaient de bâtir une nouvelle usine. C'est illogique », raconte l'homme de 39 ans.
Celui-ci dit avoir reçu la nouvelle comme un coup de masse. « J'étais sous le choc. »
Même pas l'ombre de sa paye
M. Lemire n'a pas reçu sa dernière paye et ne sait pas s'il verra un jour la couleur des vacances et des heures qu'il a accumulées. Il en est de même pour son fond de pension dont il n'a pas de nouvelle. « Je garde espoir », confie-t-il tout de même.
Avec trois enfants âgés de cinq, sept et onze ans, l'ex-employé d'Aveos avoue devoir se serrer la ceinture, car il doit composer sans un salaire de plus de 60 000 $ par année.
« Il a fallu être proactif. J'ai entre autres remis mon hypothèque sur 19 ans, annulé des reers et diminué mes assurances sur mon auto », indique-t-il.
Par chance, sa conjointe travaille. Il affirme donc être plus inquiet pour d'autres collègues. « Certains ont quatre enfants et une nouvelle maison, d'autres sont plus âgés que moi. »
Guillaume Lemire mentionne qu'il a commencé à regarder les offres d'emploi disponibles. « Le marché est saturé, dit-il toutefois. Il y a des centaines de mécaniciens qui se retrouvent sans emploi. Et ce que je faisais, c'était tellement spécialisé que je ne peux pas me retrouver un travail dans le même domaine », ajoute-t-il, contrarié.
« Frustré » par les événements
Le résidant de Saint-Colomban se dit « frustré » par la tournure des événements. « C'est comme si tout avait été fait de façon hypocrite. » Pas plus tard qu'au début du mois de mars, celui-ci dit avoir reçu de nouveaux vêtements identifiés du logo d'Aveos. « Il y a quand même des gens qui y ont cru », ose-t-il croire.
« Ce qui me fait le plus suer, ajoute-t-il, c'est que les actionnaires s'en mettent plein les poches. C'est du vol fait légalement. Je ne comprends pas que le gouvernement continue d'accepter ça. C'est vraiment fâchant », conclut-il.
On apprenait vendredi, dans le Journal de Montréal, que « les dirigeants et administrateurs d'Aveos ont droit à la somme de 5 M$ à titre de créanciers prioritaires. »
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