Édition Joey Cornu: se lancer en affaire par conviction

Par Josiane Yelle
Environ dix ans après la création de la maison d’édition Joey Cornu dédiée à promouvoir le talent de jeunes auteurs, l’entrepreneure de Lorraine, Claudie Bugnon, avoue qu’il faut être « un peu naïf » pour se lancer en affaires.
« Si on connaissait toutes les difficultés avant de débuter notre projet, je ne pense pas qu’on le ferait », raconte à la blague la femme d’affaires.
Après avoir vécu de sa plume de publiciste durant une quinzaine d’années, Claudie Bugnon a eu le déclic qui a fait prendre un tournant à sa carrière.
« Entre la vente d’imprimantes et de programmes de retraite, je me suis rendu compte que c’est le livre que je préférais vendre », affirme-t-elle.
Comme elle voulait se démarquer, elle a décidé d’aider les jeunes auteurs, ce qui n’était pas un créneau populaire car il nécessite beaucoup d’encadrement. « J’ai commencé avec un simple site Internet. En une semaine et demie, le mot s’est passé », se rappelle celle qui dit avoir lu environ 8000 pages de manuscrits au cours des trois premières années.
Faire sa place
La collecte de textes cherchant à être édités était cependant qu’un simple début, car « l’univers de l’édition est un petit monde qui essaie de survivre dans un petit marché ».
Mme Bugnon a donc dû assister à de nombreux séminaires de formation pour apprendre les rudiments de la profession et faire sa place auprès des autres éditeurs. Elle indique s’être sentie « touriste » durant un bon moment.
L’entrepreneure a finalement édité un premier auteur en 2002. Elle avoue qu’elle n’a jamais autant travaillé pour un salaire si modeste. « Le plaisir de suivre ses intuitions de travail, ça fait cependant toute la différence dans la qualité de vie professionnelle », dit-elle.
L’éditrice indique qu’elle est en attente du livre qui va vraiment fonctionner et soutenir les autres risques. Selon elle, une moyenne d’un livre sur dix entrerait dans son argent.
Aujourd’hui, Claudie Bugnon – la couveuse, se plaît-elle à se surnommer – prépare sa 34e publication. « Tranquillement, je sens que je vais tirer mon épingle du jeu. Mon objectif, ce n’est pas l’appât du gain, c’est plutôt de faire une différence quelque part. J’ai la conviction que les jeunes ont quelque chose à raconter et qu’un public va tendre l’oreille. »