GM à Boisbriand:un triste anniversaire

Par Michel Munger
Il y a 10 ans, la dernière voiture sortait de l'usine de General Motors (GM) de Boisbriand. Ce triste anniversaire, dont la ville s'est relevée, rappelle ce qui guette parfois les industries en sol québécois.
En premier lieu, la municipalité a bien encaissé le choc malgré la perte de 1200 emplois de qualité. Sur le site de l'usine, on retrouve aujourd'hui le Faubourg Boisbriand. Ce complexe compte des développements immobiliers qui doivent un jour atteindre 1700 logements.
La qualité de vie et le respect de l'environnement sont au cœur de la relance du quartier.
De plus, le secteur est devenu l'hôte d'importants développements commerciaux. Ceux-ci ont toutefois été entachés par la tentative du restaurant Commensal de faire annuler son bail, pour cause de clientèle trop faible.
Le résultat demeure tout de même que la Ville prévoit de recevoir 10 millions $ en taxes par année, soit quatre fois plus que celles de GM à l'époque.
Son taux de chômage a même fléchi après la fermeture, passant de 4,5 % à 4,3 % de 2001 à 2006, selon Statistique Canada. Des entreprises telles que Bombardier, Pratt & Whitney et Nova Bus ont créé des emplois à proximité de la ville. Le revenu médian des ménages est même resté stable à 62 900 $.
Les travailleurs ont perdu beaucoup étant donné les salaires de 62 000 $ par année qu'ils recevaient. Plusieurs ont toutefois tiré leur épingle du jeu en recevant leur pleine retraite ou une prime de départ.
« Ce sont les cols bleus les mieux payés et trouver le même salaire est difficile », a indiqué Richard Laurendeau, président du regroupement des anciens de GM.
« Environ 275 sont partis travailler en Ontario, ayant gagné un droit de rappel chez GM au Canada, a-t-il ajouté. Des plus jeunes se sont replacés chez Bombardier et un peu partout dans des usines au Québec, sinon dans des commerces. »
La fermeture de l'usine a cependant signé l'arrêt de mort attendu de l'assemblage automobile au Québec, estime Luc Desnoyers, directeur des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) à l'époque.
« L'industrie souffrait de façon profonde et [ça a culminé] quand GM et Chrysler ont fait faillite, a-t-il affirmé. Il y avait quand même une chaîne d'approvisionnement qui tournait autour de Boisbriand. Différents fournisseurs faisaient des produits en caoutchouc et des pièces de suspension. La majorité des sites ont fermé leurs portes. »
M. Desnoyers craint maintenant que l'aérospatiale et ses 42 000 travailleurs québécois risquent d'essuyer des pertes au profit du reste du Canada. C'est ce qui s'est produit avec le transfert d'emplois d'Aveos vers l'Ontario.
« Je pense qu'ils vont venir nous gruger ça tranquillement et combler leurs pertes dans d'autres secteurs », a-t-il ajouté.
LES FAITS SAILLANTS DE L’USINE GM DE BOISBRIAND
1965 : Fondation
1987 : Agrandissement (450 millions $)
Aide financière de 220 millions $ (Québec et Ottawa)
1997 : Annonce de la fin de la production de la Camaro en 2001
1999 : Proposition d'un plan de sauvetage par Québec
2001 : Annonce de la fermeture définitive
2002 : Fermeture et perte de 1200 emplois
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