Commission Charbonneau : deux fois plus cher à cause de la collusion

Par Jean-Louis Fortin
Les contribuables épargneraient des millions $ pour les projets d'infrastructures s'il n'y avait pas de collusion, a affirmé mercredi l'entrepreneur André Durocher, exemples à l'appui.
Le président de la firme Les Excavations Panthère, qui témoigne devant la commission Charbonneau, a même présenté un cas où la valeur du contrat a été réduite de moitié parce qu'il n'y avait pas eu de collusion entre entrepreneurs.
En 2009, GuyDesjardins, propriétaire de Asphalte Desjardins, lui aurait demandé de « se tasser » d'un contrat d'aménagement d'une piste cyclable à Mirabel.
Il lui aurait proposé d'envoyer une soumission de complaisance plus élevée que 1,2 million $, le prix que Desjardins espérait obtenir pour les travaux.
Durocher ditavoir refusé, et le contrat a finalement été attribué pour moins de 600 000 $, après un appel d'offres en libre concurrence.
Quelques semaines plus tôt, dans le cadre d'un autre appel d'offres concernant des travaux sur le boulevard Gouin à Montréal, Durocher aurait reçu un appel deGilbert Théoret, propriétaire de la firme Théoret excavation.
« Ça s'arrête là, la job est à moi. Je vais te fournir un prix pour que tu puisses le rentrer dans l'appel d'offres », aurait dit Théoret.
L'homme voulait à tout prix obtenir le contrat et proposait au propriétaire de Les Excavations Panthères de fournir une soumission bidon à 9,5 millions $.
Encore là, Durocher, qui dit n'avoir jamais participé à la collusion, aurait refusé, brisant ainsi le cercle de collusion. Tous les entrepreneurs se sont donc fait concurrence, et le contrat a été adjugé pour 7,5 millions $.
Cela signifie que la ville de Montréal, et donc les contribuables, ont économisé près de 2 millions $, selon André Durocher.
La plupart du temps, les entrepreneurs qui voulaient s'en mettre plein les poches avaientintérêt à être de connivence avec une ou plusieurs firmes de génie-conseil, a expliqué le témoin.
Par exemple, dans le cadre d'une poursuite judiciaire où il réclamait 1,1 million $ en factures impayées, Serge Duplessis, de la firme Dessau, lui aurait proposé de lui rembourser cette somme « en considérations futures, avec intérêts, sur d'autres projets ». Durocher dit avoir refusé.