Fête arrosée: l'entraîneur des Conquérants est suspendu

Par Agence QMI
D’ici la fin de l’enquête de la fédération provinciale sur une fête arrosée impliquant les joueurs de leur équipe, les Conquérants des Basses-Laurentides ont décidé, avec l'aval de Hockey Québec, de retirer l'entraîneur-chef Bruno Troini de son poste.
D’après Paul Ménard, directeur du développement des joueurs à Hockey Québec, l'alcool et la drogue sont interdits dans une activité d'équipe de hockey mineur, point à la ligne, et les contrevenants seront sanctionnés.
«Nous avons tenu une conférence téléphonique avec l'équipe pour savoir ce qui s'est passé, a indiqué Ménard lors d’une entrevue avec la chaîne TVA Sports, jeudi. Des situations comme celles-là sont inacceptables. C'est vraiment à l'encontre du code d'éthique du joueur et de l'entraîneur. On fait le suivi, le temps de savoir ce qui s'est vraiment passé.»
Au terme d'un tournoi midget espoir tenu à la fin novembre à Saguenay, les joueurs des Conquérants avaient participé à des concours de consommation de bière. Les versions du pilote et de son adjoint sont contradictoires quant à la façon dont les jeunes ont eu accès à l'alcool.
La responsabilité des entraîneurs
Lors de la fête, des parents étaient sur place. L'un des deux pères rencontrés mercredi avait mentionné n’avoir jamais donné son accord pour que son enfant consomme de la bière, ajoutant que la supervision des jeunes est du ressort des entraîneurs. Ménard est du même avis.
«Lorsqu'on parle de joueurs de hockey mineur, l'encadrement des joueurs à l'extérieur de la patinoire dans les activités d'équipe est la tâche des entraîneurs, a-t-il estimé. Même quand le tournoi est fini, on parle d'une activité d'équipe. Oui, il y avait des parents sur place, mais c'est la responsabilité des entraîneurs.»
Ménard ne peut prédire la nature des sanctions, qu'elles soient infligées aux instructeurs ou aux joueurs. En effet, des jeunes pourraient être punis pour leurs actes.
«Activité d'équipe, tolérance zéro, pas de boisson. Des mesures vont être prises.»
Concours
Les joueurs de l'équipe des Conquérants des Basses-Laurentides ont organisé des concours de consommation de bière dans leurs chambres d'hôtel.
Pour certains parents, un élément cause problème : le fait que les garçons en question sont d'âge mineur (14-15 ans) et que ce serait l'entraîneur-chef de l'équipe qui leur aurait fourni l'alcool.
«L'entraîneur a décidé de lâcher un coup de téléphone à un ou des parents pour savoir si c'était correct de leur acheter de la bière. Instantanément, tout le monde a dit non», a confié un parent sous le couvert de l'anonymat à la chaîne TVA Sports.
«L'entraîneur est quand même arrivé avec 36 bières. Sa première idée était une par joueur, mais la fête a dégénéré.»
Plusieurs parents qui logeaient dans le même hôtel que l'équipe ont permis à leur garçon de prendre une bière.
Mais les deux pères de famille rencontrés n'ont jamais donné leur accord.
«On s'attend à ce que des gens responsables s'occupent de nos gars. Qu'il se passe des choses comme ça, c'est inacceptable. Ils ont calé des verres de bière le plus rapidement possible sous l'œil d'un entraîneur adjoint qui était dans la chambre. Sans dire qu'il les encourageait, il était présent et souriait.»
On aperçoit d'ailleurs très bien l'entraîneur en question dans une vidéo.
Les entraîneurs se défendent
Mais l'entraîneur-chef Bruno Troini et son assistant Sébastien Laroche ont nié catégoriquement la version des deux parents lors de l'entraînement matinal de l'équipe mercredi.
«On n'a donné aucun alcool aux mineurs, a assuré Troini. Ce qui est arrivé, c'est que des enfants ont pris de la bière à leurs parents. J'ai ensuite tout enlevé aux enfants.
«Ça n'a rien à voir avec nous. Les jeunes ont fait une erreur en volant de la bière à leurs parents.»
«Les gars ont tous 15 ans, ils ont tous déjà bu dans leur vie. Tous les parents ont donné leur accord pour qu'ils boivent», a soutenu quant à lui l'entraîneur adjoint.
Un autre parent contacté au hasard parmi la liste des joueurs a confirmé l'information.
«Qui a acheté l'alcool? C'est un adulte, car les jeunes ne peuvent pas s'en procurer. Mon conjoint m'a dit que Bruno nous avait demandé si les gars pouvaient prendre une bière. Je ne sais pas si c'est une demande des gars ou bien si c'est son initiative. Ce n'était pas fort d'acheter de l'alcool. Il va se mettre dans la merde.»
La peur des parents
Après la diffusion mercredi du reportage sur l'incident, TVA Sports a reçu l'appel de plusieurs parents qui s'inquiètent de voir leurs enfants être pénalisés par les entraîneurs s'ils en venaient à dénoncer le mauvais comportement de ceux-ci.
C'est la raison pour laquelle les parents qui se sont adressés à la chaîne mercredi l'ont fait sous le couvert de l'anonymat. Le directeur du développement des joueurs de Hockey Québec croit que ces craintes ne sont pas fondées.
«J'ai beaucoup de difficulté avec ça, a admis Ménard. Si les gens ont cette perception, il faut l'enlever. Ce que je dis aux parents qui détectent un problème mais qui ont peur, c'est de communiquer avec leur organisation et de leur dire ce qui en est.
«Tout est dans l'approche. Si c'est fait de façon agressive, il se peut que ça tourne mal. Quand des situations comme celles-là dégénèrent, c'est à cause d'une mauvaise approche.»
TVA Sports a également reçu des commentaires de parents critiquant l’attitude intimidante affichée par l'entraîneur-chef des Conquérants à l’égard de ses joueurs. Ménard a assuré n'avoir jamais eu de plaintes sur cet aspect.
«La supervision des entraîneurs existe. On communique beaucoup, il y a 18 joueurs dans cette équipe et on n'a pas eu vent de ça. Mais on va faire un suivi.»
Des dégâts importants
Les problèmes des joueurs des Conquérants ne s’arrêtent pas là. Voilà maintenant que la direction de l’établissement où ils ont été hébergés réclame dédommagement pour des bris survenus lors de leur passage.
«Des têtes de lits ont été arrachées, il y a eu des trous dans les murs, des rideaux déchirés, des fenêtres ont été forcées à plusieurs reprises et à plusieurs endroits et la salle de conférence a été abîmée. J’imagine que le mur a servi de but de hockey», a décrit la directrice générale de l’Auberge nature Cepal, Sonia Boudreault.
Les dégâts seraient concentrés dans le pavillon 100 où était hébergée l’équipe, principalement au rez-de-chaussée où les joueurs avaient leur chambre réservée. Après leur départ, il aurait fallu deux heures et demie à deux femmes de ménage pour nettoyer chacune des chambres.
Un membre de la direction de l’organisation se serait même porté volontaire pour aider. «Il a prêté main-forte lorsqu’il a constaté l’état des lieux», a expliqué Mme Boudreault.
Rejoint au téléphone, Roger Charland, l’un des gestionnaires de la formation, s’est dit surpris d’avoir été informé de cette situation 10 jours après les événements. La directrice générale soutient de son côté avoir tenté de les joindre à deux autres reprises.
Charland a expliqué que l’équipe avait ouvert une enquête. «Si ce sont nos jeunes qui ont causé les bris, c’est certain qu’on assumera», a-t-il ajouté.
L’affaire a tout de même été transférée à Hockey Québec, qui s’est engagé à assumer les frais. Toutefois, la facture pourrait être refilée à l’équipe.
Quant à la directrice générale de Cepal, elle songe maintenant à demander un dépôt de garantie aux prochaines équipes de hockey qui logeront chez elle.
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