La directrice veut une plaque en souvenir de la crise étudiante

Par Eric Mondou
La directrice générale sortante du Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse, Monique Laurin, a commandé au département d’arts visuels de l’établissement une œuvre d’art en souvenir du passage de l’escouade antiémeute, le 15 mai dernier, sur ses terrains.
C’est devant quelques centaines d’étudiants, professeurs et employés réunis mercredi dernier qu’elle en a fait l’annonce. « L'œuvre se veut un élément de souvenir d'une crise nationale, des injonctions et de la loi 78. L'objectif est de se rappeler que le Collège est un lieu d'enseignement et de liberté et qu'on ne veut plus que de tels événements se reproduisent ici », a indiqué le porte-parole du Collège, Yves Marcotte.
La création, qui pourrait être une plaque ou un monument, sera apposée à l’intérieur ou à l’extérieur du Collège et sera dévoilée le 15 mai prochain, 12 mois après les évènements.
La directrice, qui quittera pour la retraite le 27 février prochain, a profité de son allocution pour faire son mea culpa public. Elle a confié regretter amèrement la tournure qu’avaient prise les événements de cette journée du « printemps érable ». Aux prises avec une injonction, la direction du cégep avait fait appel aux policiers de l’escouade antiémeute pour déloger les « carrés rouges» qui bloquaient l’accès à l’entrée principale de l’institution d’enseignement. Des scènes de désordre ont ensuite suivi avant que les policiers réussissent à sécuriser l’entrée du Collège.
« Mme Laurin a choisi de s'adresser au personnel et aux étudiants du Collège à la suite d'un long processus, d'une réflexion. Elle n'a pas fait d'acte de contrition. C'est le côté humain de Mme Laurin qui en ressort », a expliqué M. Marcotte.
Climat difficile
Pour le président du syndicat des enseignements du Collège, Michel Milot, cette sortie publique de la directrice ne pouvait qu’être bénéfique.
« Le climat était pourri. Il y avait une omerta depuis que certains professeurs avaient reçu des mesures disciplinaires pour avoir dénoncé publiquement la gestion de la crise. Que Mme Laurin sorte de son mutisme nous satisfait grandement », a-t-il signalé.
Les sanctions infligées à onze enseignants, de même qu’à deux étudiants, ont toutes été levées, a également fait remarquer la directrice lors de son discours.
Mécontentement
Cette sortie publique de la dirigeante de l’institution scolaire des Basses-Laurentides n’a pas fait que des heureux. Le porte-parole des carrés verts du Collège de l’époque, Jérémie Carignan, a trouvé déplorables ces derniers gestes de la direction.
« On tente de racheter la paix avec les employés, ce qui est ridicule. Le fait d’agir de la sorte ouvre la porte dans le futur à un tel chaos », a indiqué celui qui est maintenant à l’université.
Ce dernier n’a pas non plus paru ému par la volonté du Collège de dresser une œuvre commémorative en souvenir des affrontements. « Personne ne veut revivre le climat du 15 mai dernier. Pourquoi voudrions-nous nous en souvenir? » s’est-il questionné.