Le vieillissement de la population pose d'importants défis

Par Félix Racicot
Dans les dernières décennies, l’indice synthétique de fécondité, qui constitue la moyenne d’enfants par femme en âge de procréer (15 ans et plus), a connu des fluctuations importantes. Celles-ci ont rendu difficile, voire impossible, le renouvellement de la population québécoise.
Pour un renouvellement complet de la population au Québec, chaque femme devrait avoir en moyenne 2,1 enfants. Concrètement, selon l’organisation Québec économique, l’indice synthétique de fécondité se trouve sous le seuil de 2,1 enfants par femme depuis le début des années 1970. Malgré le léger baby-boom actuel, l’Institut de la statistique du Québec révèle que, pour l’année 2011, l’indice n’était que de 1,69 enfant par femme. Ce phénomène entraîne plusieurs conséquences sur la politique, l’économie et, même, sur la société québécoise en tant que telle.
Dépenses en santé
Dans un premier temps, il est impossible de ne pas tenir compte du vieillissement de la population lorsqu’on aborde la politique québécoise. En effet, comme la population du Québec est de plus en plus âgée, le gouvernement n’a pas le choix d’investir plus massivement dans la santé et dans les services publics tels que les CHSLD, pour assurer le bien-être de la société.
D’ailleurs, ce genre d’investissement dans les services publics est au cœur des débats politiques de chaque élection provinciale depuis plusieurs années puisque chacun des partis politiques souhaite obtenir l’appui des tranches d’âge plus élevées qui tendent à s’élargir en nombre.
Cependant, on omet souvent de parler de l’importance que pourrait jouer le gouvernement en tant que solution pour combattre ce phénomène. Le gouvernement, en adoptant des politiques familiales telles que des allocations familiales plus grandes ou des services de garderies plus accessibles encore, pourrait motiver les Québécois à procréer davantage. Le gouvernement libéral a débuté un accroissement des politiques familiales au Québec et les effets s’en sont fait sentir rapidement avec une augmentation d’environ 0,30 enfant par femme entre 2000 et 2011 selon l’Institut de la statistique du Québec.
Dans un deuxième temps, le manque de jeunes travailleurs et la retraite éminente des baby-boomers causeront inévitablement une chute considérable dans le nombre de Québécois en âge de travailler et donc, un manque de main d’oeuvre.
Par conséquent, le Québec aura de la difficulté à produire autant qu’il ne le fait en ce moment et il verra sa dette (déjà très élevée!) augmenter considérablement en réponse à cette baisse de production.
Moment de la retraite
Il est donc primordial pour l’économie québécoise que les personnes âgées retardent leur retraite dans les prochaines années. Pour ce faire, une amélioration de leur salaire et de leurs conditions de travail devrait être envisagée. D’un autre côté, pour motiver les gens à avoir plus d’enfants, il faudrait réduire le coût d’un enfant pour les Québécois.
Effectivement, le coût d’un enfant pour ses parents est grandement influencé par les revenus de ceux-ci. Prenons l’exemple d’une femme médecin qui a un enfant et qui doit prendre un congé de maternité pour s’occuper de celui-ci. Celle-ci perdrait beaucoup d’argent en ne travaillant pas à temps plein et donc, avoir un enfant lui coûterait plus cher qu’une mère au foyer par exemple. Alors, le Québec doit rendre ce coût lié au revenu moins important afin que celui-ci ne constitue pas un frein au fait d’avoir des enfants pour les femmes de carrière.
Dans un dernier temps, la société québécoise se voit transformée par le vieillissement de sa population. En effet, les rapports sociaux ont été modifiés de manière considérable depuis la dénatalité qu’a subie le Québec. À cet égard, qui de vous peut affirmer ne peut avoir eu à interagir avec des personnes âgées que ce soit au travail ou dans des lieux publics quelconque ? Sûrement personne! Les personnes âgées constituent la tranche de la population la plus présente au Québec puisque les baby-boomers intègrent depuis quelques années, peu à peu, cette tranche d’âge. La société doit s’ajuster à ces nouveaux rapports de force. Ces rapports augmentent de manière colossale le poids des personnes âgées dans toute décision sociétale.
Dorénavant, il n’est plus possible de passer outre le phénomène de vieillissement de la population québécoise puisque les problèmes qu’il engendre nous sautent littéralement au visage et ont des impacts sur notre vie quotidienne. Si la tendance se maintient, il n’y aura plus possibilité d’arriver à redresser la pyramide des âges du Québec et ainsi, d’éviter un vieillissement drastique de la population de notre province.