Des glissières pour sauver des vies

Par Claudia Berthiaume
Les parents d’un jeune homme décédé dans un accident survenu sur l’autoroute 50, près de Mirabel, se demandent pourquoi le ministère des Transports n’a pas mis en application ses propres recommandations pour rendre plus sécuritaire un tronçon où plusieurs collisions frontales mortelles se sont produites ces dernières années.
L’ajout d’un muret de béton entre les voies de sens inverse aurait peut-être pu sauver des vies, pensent les proches de Gabriel Carrière. C’est d’ailleurs ce que suggérait un rapport produit cinq ans avant l’accident qui a fauché la vie de l’homme de 31 ans.
«Pourquoi il (le ministère) ne l’a pas fait tout de suite, en 2008, s’il le savait que ça pouvait aider», se questionne Réjean Carrière, tout juste plus d’un an après la mort de son fils. «Avec le nombre de morts, le ministère aurait dû réagir depuis longtemps. Je ne sais pas combien ça va en prendre encore (des morts), mais il faut faire quelque chose», insiste la sœur de la victime, Myriam Carrière.
Glissières
Le 25 mars 2013, peu avant 21 h, le véhicule que conduisait Gabriel Carrière a dévié de sa voie et frappé de plein fouet une automobile qui s’amenait en sens inverse. Gravement blessé, le jeune automobiliste a été déclaré mort après maintes tentatives pour le réanimer à l’hôpital. M. Carrière avait passé la journée à fendre du bois dans une cabane à sucre et il était fatigué, note la coroner Denyse Langelier. Il avait aussi consommé de la bière.
Dans son rapport rendu public hier, la coroner Langelier recommande à Transports Québec d’ajouter une glissière de ciment ou à câbles sur la portion de l’autoroute 50 qui relie l’aéroport de Mirabel à la ville de Lachute.
Kilomètre 274
«Depuis 2008, 10 accidents mortels sont survenus près du kilomètre 274», souligne-t-elle.
La seule façon de réduire ces accidents mortels, presque toutes des collisions frontales dans ce secteur, est d’empêcher les automobilistes de traverser la voie de circulation pour aller frapper un autre véhicule circulant en sens inverse, indique-t-elle. Le ministère des Transports était pourtant déjà arrivé à cette conclusion en 2008.
Au terme d’une étude qui analysait les accidents survenus sur l’autoroute Maurice-Richard entre 2003 et 2006, on recommandait «la séparation des chaussées par l’ajout de glissières ou par l’ajout d’un terre-plein large, de plus de 15 mètres, afin de réduire les collisions mortelles frontales».
Six ans plus tard, seul l’ajout de bandes rugueuses a été fait, constate la coroner.
«On ne peut pas empêcher les accidents seulement avec des rainures. Le ministère l’a essayé et ce n’est pas efficace», note Mme Langelier.
«Dans un monde idéal, ça prendrait une route à quatre voies avec un terre-plein. J’espère que le ministère va passer à l’étape de l’exécution dans un délai raisonnable», a-t-elle confié au Journal, en précisant que des décès auraient probablement pu être évités.
Le maire de Mirabel est aussi d’avis que la meilleure solution serait de doubler les voies. «Ce coin-là nécessite aussi plus d’éclairage», souligne Jean Bouchard.
Hier, le ministère des Transports n’était pas en mesure de dire si des travaux sont prévus sur ce dangereux tronçon de l’autoroute 50.