Les travailleurs pourront être syndiqués

Par Fanny Arnaud
Tous les travailleurs agricoles du Québec ont désormais le droit d’être syndiqués.
Les travailleurs des petites fermes familiales n’avaient pas accès à la syndicalisation selon l’article 21.5 du Code du travail, mais cet article est inopérant depuis le 11 mars dernier.
Et cette décision ne fait pas l’unanimité.
En effet, les fermes qui emploient des travailleurs saisonniers ne voient pas d’un bon œil que leurs employés demandent à être syndiqués.
Une décision «impensable»
Isabelle Charbonneau est propriétaire et directrice des opérations de l’entreprise FraiseBec inc. qui produit des fraises, à Sainte-Anne-des-Plaines.
Chaque été, elle emploie 160 travailleurs en provenance du Mexique et du Guatemala.
Elle explique que si les travailleurs sont syndiqués, ils vont faire 40 heures par semaine, or, a-t-elle dit, dans une ferme où on ne travaille que pendant une partie de l’année, il y a de l’ouvrage sept jours sur sept.
Pour elle, cette décision est «impensable». Elle dit ne pas comprendre pourquoi cette loi a été modifiée.
«Les travailleurs ne se sont jamais plaints, on trouvait la loi très bien.»
Mme Charbonneau explique que les producteurs auront le choix entre payer des heures supplémentaires ou embaucher plus de travailleurs.
Elle ajoute que les salaires représentent déjà 50 % des dépenses de la ferme et qu’une augmentation des coûts serait synonyme de fermeture.
«On va perdre des joueurs, certains producteurs vont se tourner vers la grande culture», a-t-elle dit.
Pour l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), cette décision «va pénaliser la compétitivité des entreprises québécoises et avoir des conséquences économiques importantes».
La fin d’une «discrimination» pour les syndicats
À l’inverse, le syndicat des Travailleurs et des Travailleuses unis de l’alimentation et du commerce au Québec (TUAC) «se réjouit» de cette décision qui «régularise une situation discriminatoire à l’encontre de tous les travailleurs agricoles saisonniers».
Devant les inquiétudes des producteurs et de l’APMQ, le TUAC a fait savoir que leur organisation est «ouverte au dialogue avec les employeurs» et que leur objectif est «d’obtenir une entente négociée de bonne foi et qui sera à l’avantage de toutes les parties».
Le syndicat reconnaît qu’il est de la volonté des travailleurs agricoles migrants de travailler le plus d’heures possible, compte tenu de la courte durée d’un contrat de travail et des aléas climatiques.