Heureux malgré la différence
Par Carole-Anne Jacques
Au Québec, le nombre de personnes autistes double tous les quatre ans. Deux parents d’enfants autistes ont accepté d’offrir un témoignage dans le cadre du mois de l’autisme.
C’est un retard dans le langage qui a mis la puce à l’oreille des parents. Félix a reçu le diagnostic de trouble envahissant du développement (TED) avec trait autistique alors qu’il était âgé de 2 ans et 9 mois. « Maintenant, il réussit à se faire comprendre en utilisant des mots isolés ou des gestes. Il n’y a aucun échange entre nous », a indiqué sa mère, Sylvie Lejeune. Félix, maintenant âgé de 11 ans, a des problèmes de communication et doit être constamment supervisé. « Il fait des crises comme un enfant de 2 ans, lorsqu’il ne se fait pas comprendre. Il se cogne la tête, lance des objets et frappe. En grandissant, les coups deviennent plus forts », a ajouté Mme Lejeune.
Activités restreintes
Félix aime principalement regarder la télévision et jouer à l’ordinateur. « On a rapidement fait le tour. On essaie de lui proposer d’autres activités, mais ça revient généralement à l’électronique », a souligné sa mère qui ajoute que le fait qu’il ait des frères et sœurs lui permet de se « challenger » et dévier de ses activités. En plus d’avoir une excellente mémoire, il a un intérêt pour les langues. « On ne sait pas s’il comprend, mais il regarde des vidéos dans différentes langues », a commenté Mme Lejeune.
L’intégration
Félix se fait garder dans un service de garde régulier. Sa mère est très reconnaissante des efforts d’intégration des éducateurs. « Ils s’informent et reçoivent des formations pour bien intervenir auprès des jeunes avec un TED », a indiqué Mme Lejeune tout en spécifiant qu’il est important de les aider à s’intégrer même si ça provoque des crises. « Il faut être tenace, c’est pour leur bien. »
Maisons de répit et besoins financiers
Mme Lejeune se considère chanceuse d’avoir été parmi les premières personnes admises à la maison de répit de Blainville. « Nous bénéficions d’un répit aux cinq semaines pour un total de huit par année. C’est beaucoup! C’est apprécié, ça nous permet de respirer, de souffler. »
Les maisons de répit de Blainville et de Saint-Jérôme aident 36 familles par mois. Puisqu’il y a un instructeur par enfant, les coûts sont élevés. « Le budget annuel est de 850 000 $ », a mentionné Sylvain St-Onge, directeur général.
La 8e édition de la marche pour l’autisme aura lieu le 26 avril prochain et l’objectif est d’amasser 15 000 $. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site Internet www.autismelaurentides.org.
Un enfant dans un corps d’homme
Mathieu est maintenant âgé de 23 ans et a reçu un diagnostic de troubles du spectre de l'autisme lorsqu’il avait 3 ans et demi.
« Il y a 20 ans, les gens ne connaissaient pas cette maladie, beaucoup de gens se sont éloignés de notre famille. C’est un deuil sur plusieurs aspects. On se demande ce qu’il va advenir de notre enfant une fois qu’on sera décédé », a mentionné son père, Sylvain St-Onge, qui agit également à titre de directeur général de la Société de l’autisme des Laurentides. Mathieu ne peut dire qu’une dizaine de mots et ses réactions sont imprévisibles. « Malgré ses 6 pieds 2 pouces et 200 lbs, il restera un enfant toute sa vie. Mathieu occupe un petit emploi au Cégep de Saint-Jérôme et réussit à s’intégrer, mais il doit avoir un horaire bien établi.
Depuis environ dix mois, des services pour adultes autismes sont offerts à la Société de l’autisme des Laurentides. Ces services connaissent déjà un succès immense, jusqu’à 30 adultes bénéficient de ces services par semaine.
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