La danse au profit de la santé

Par Marie-Ève Proulx
Lorsqu'elle a découvert qu'elle souffrait d'une tumeur cérébrale incurable, Nathalie Buisson, danseuse professionnelle qui a œuvré huit ans au sein des Grands Ballets Canadiens et cinq ans pour le chorégraphe espagnol de renommée internationale Nacho Duato, a vu son univers complètement basculer. Néanmoins, la grande dame s'accroche à la vie avec une énergie remarquable.
«Quand les médecins m'ont appris, il y a six ans, que je souffrais d'un rare cancer au cerveau, c'était comme si ma vie s'écroulait. Alors que j'avais toujours bien mangé et que j'étais en excellente forme physique, je n'y comprenais rien», raconte Nathalie Buisson, ajoutant que sa petite dernière avait à peine quatre mois à l'époque.
Si certains médecins proposaient de l'opérer sans problème le plus tôt possible, d'autres s'y opposaient fermement. «Quand les médecins te donnent des avis complètement divergents, c'est très difficile de s'y retrouver. Je ne savais pas quoi faire. J'étais complètement anéantie», se souvient-elle, précisant qu'elle a reçu beaucoup de soutien de son frère Paul, alors animateur de télévision, qui l'a encouragée à chercher le plus d'informations possible.
Désemparée, elle se tourne finalement vers un jeune médecin du Centre hospitalier de Sherbrooke, le Dr David Fortin. «En faisant des recherches, son nom me revenait constamment. Ça m'a incitée à l'appeler et il a accepté de me rencontrer», poursuit-elle.
Le lien de confiance s'établit instantanément. «Il m'a expliqué quels étaient les traitements envisageables et risques possibles. L'opération était selon lui nécessaire, mais essayer d'enlever toute la tumeur risquait de me laisser avec de graves séquelles», dit-elle, précisant qu'elle a accepté qu'il l'opère. L'intervention s'avère un succès, mais deux mois plus tard, Nathalie recommence à se sentir mal. À l'examen de résonance magnétique, on découvre deux nouveaux nodules cancéreux. Elle doit alors commencer un nouveau traitement, une chimiothérapie orale, la seule forme de chimiothérapie possible pour le cerveau. «Le traitement a réussi et les deux nodules ont disparu. Si on ne peut pas parler de rémission ou de guérison pour un cancer du cerveau, je garde espoir de réussir à contrôler la tumeur», dit-elle, précisant que son frère, décédé d'une erreur médicale il y a quelques années, est une source de courage pour elle.
Malgré toutes les embûches qui se mettent sur son chemin, Nathalie a décidé d'utiliser qui elle est pour cette cause qui la touche profondément. «Les tumeurs cérébrales, moins répandues que d'autres types de cancers, bénéficient de moins de subventions. Or, c'est très important, puisque ce sont les recherches qui permettent de donner une seconde vie aux personnes atteintes. J'ai donc décidé de me servir de qui je suis et de la danse, pour ramasser des fonds», explique Mme Buisson.
En 2006, elle a ainsi mis sur pied un spectacle-bénéfice de danse pour soutenir les recherches du Dr Fortin en neuro-oncologie. «Je me suis servie de mes contacts. J'ai notamment cogné à la porte des Grands Ballets Canadiens et la réponse a été très positive. Ils ont tous accepté de m'aider. à condition que je remonte sur scène. Ce que j'ai fait!», poursuit-elle, expliquant qu'elle a répété l'expérience l'année dernière.
Si son évènement a permis d'amasser des dizaines de milliers de dollars pour le Dr Fortin, Nathalie précise que ça l'a également aidée. «J'avais l'impression de n'avoir rien fait de bon dans ma vie. Danser, c'est un peu égoïste. On danse pour soi, pour notre passion. Mais comme c'est ce que je fais de mieux dans la vie, je me suis rendue compte que je peux le faire pour la cause pour aider toutes les personnes atteintes d'un cancer cérébral», dit-elle.
Si les gens sont nombreux à lui demander de renouer avec l'expérience cette année, ce n'est toutefois pas dans ses projets à court terme.
«C'est difficile de regarder trop loin et de planifier à long terme. La maladie reste toujours là et je ne peux savoir comment elle évoluera. Pour le moment, je garde la force pour mes enfants que je veux voir grandir», affirme-t-elle.
Nathalie vient toutefois de mettre sur pied un groupe de soutien pour les personnes atteintes de tumeurs cérébrales. «Quand j'ai su que j'étais malade, je ne savais pas où aller, où trouver de l'information, ni à qui parler. Le groupe, c'est un peu pour aider les personnes atteintes et éviter qu'elles se sentent seules avec leur maladie», explique-t-elle, ajoutant que les conférences, qui sont pilotées à partir du CHUS, sont diffusées sur Internet.
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