L'art de démocratiser les bibliothèques publiques

Par Josiane Yelle
Évidemment, un auteur ne peut pas refuser qu'on lui demande d'être porte-parole d'un lieu de rencontre avec ses lecteurs. C'est ce que c'est dit Patrick Sénécal à qui l'on a demandé de chapeauter la semaine des bibliothèques publiques qui a lieu du 16 au 23 octobre.
« J'ai découvert la lecture grâce à la bibliothèque de Drummondville. À onze ans, juste l'idée d'y entrer me terrifiait! Et je me disais que mes amis allaient se moquer de moi. Mais comme je ne trouvais rien pour moi dans les livres de mon école primaire, j'ai pris mon courage à deux mains et j'y suis allé », raconte l'écrivain d'horreur québécois (Sur le seuil, Le vide, Les sept jours du talion, etc.).
Voilà comment tout a commencé.
« Le fait d'aller à la bibliothèque a enlevé beaucoup de préjugés que j'avais en tant que jeune adolescent et je crois que plusieurs jeunes vivent encore avec ces idées préconçues. C'est ça que je veux leur enlever de la tête », indique l'auteur d'entrée de jeu. Ça tombe plutôt bien. Cette édition de la semaine des bibliothèques publiques est conçue spécialement à l'intention des 12-25 ans.
« La bibliothèque, c'est un endroit vivant et dynamique et non pas une espèce de caverne sombre où y'a une veille madame de 95 ans derrière le comptoir, image Patrick Sénécal. Je pense que les jeunes associent beaucoup la bibliothèque publique à celle de leur école qui est plus straight et contrôlée. »
Or, c'est plutôt tout le contraire, car les bibliothèques publiques n'imposent pas des choix d'œuvres. « Si je n'étais pas allé à la bibliothèque, je n'aurais sans doute jamais lu Jean Ray - un auteur d'épouvante -. Et si je n'avais pas lu Jean Ray, je n'aurais peut-être jamais écrit de roman, car c'est lui qui m'a donné envie d'inventer des histoires. La bibliothèque a donc mis mon moteur créatif en marche. Celle elle peut mettre en marche toutes sortes de moteurs, plus personnels les uns que les autres. Moi qui espérais trouver un simple livre, j'ai fait encore mieux : je me suis trouvé moi-même. »
Modifier les idées
Patrick Sénécal a surtout l'impression que les jeunes aiment les choses extrêmes et que les bibliothèques publiques, à l'antipode de cette idée, sont un peu ringardes voire même « pépères ».
Le slogan de la semaine des bibliothèques - Prends un risque - prend donc tout son sens. Au www.prendsunrisque.com, un univers est conçu pour que les jeunes participent activement à une vidéo Web interactive dont l'aventure est écrite par Patrick Sénécal. La réussite de cinq épreuves permet aux jeunes d'obtenir leur carte de bibliothèque.
Quant aux services offerts, l'auteur affirme que « plusieurs jeunes ne savent même pas qu'il y a des films et des disques à emprunter. Il faut changer cette idée ». Beaucoup d'investissements ont d'ailleurs eu lieu au cours des dernières années pour moderniser les bibliothèques. Il faut seulement penser à celles de Boisbriand et Bois-des-Filion où des annonces ont été faites en ce sens.
Le porte-parole ajoute également qu'il s'agit de « l'un des rares endroits où on peut passer une journée entière à découvrir pleins de choses sans que ça coûte quoi que ce soit. Il n'y a donc pas de raison de ne pas s'abonner ».
De nombreuses activités ont donc lieu au cours de la semaine dans les diverses bibliothèques de la région. Toute la programmation se retrouve au www.semainedesbibliotheques.com.
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