Kelly-Anne est née six jours trop tard
Par Josiane Yelle
Si elle était née le 30 septembre 2006, la petite Kelly-Anne pourrait faire son entrée à la maternelle en septembre prochain. Mais elle est née six jours trop tard. À moins d'une dérogation qui coûterait plusieurs centaines de dollars à ses parents, la fillette devra attendre son tour et demeurer à la garderie.
Sa mère, Hélène Samson, ne sait plus à quel saint se vouer. « Je me suis rendu compte, au fil de mes démarches, que la dérogation, c'est pour les riches. Malheureusement, ma fille n'aura pas d'éducation l'année prochaine à cause de ça. C'est aberrant. »
Selon les résultats de ses recherches, les prix des psychologues et des psychoéducateurs, qui sont les seules personnes autorisées à émettre des dérogations, varient énormément. Et les tarifs sont considérables lorsque l'on est une mère monoparentale et que l'on ne gagne pas cher de de l'heure.
« À un endroit, on m'indiquait que la dérogation nécessitait une consultation de 10 à 13 séances à 83,25 $ de l'heure. On parle donc approximativement d'un tarif entre 900 et 1300 $. C'est l'équivalent pour moi d'un mois de salaire. À l'inverse, la place la moins cher qu'on a trouvée, c'est 500 $. Mais encore là, je n'ai pas l'argent. Donc, ma fille devra manquer une année scolaire pour une question de six jours », indique Mme Samson.
Selon un résumé d'un document de l'Ordre des Psychologues du Québec, datant de 2006, l'estimation des frais totaux liés à une évaluation psychologique, si l'ensemble des étapes sont réalisées, est de 1100 $.
Se démarquer, mais encore
Le cœur du problème, selon Mme Samson, c'est qu'elle est convaincue que sa fille serait apte à faire son entrée sur les bancs d'école. « Encore cette semaine, elle est arrivée avec un paquet de lettres en me demandant comment on faisait pour lire », ajoute-t-elle.
La mère de la petite Kelly-Anne considère donc que de passer une autre année à la garderie serait une perte de temps pour sa fille.
« Si elle ne va pas à l'école l'année prochaine, elle n'apprendra absolument rien. En se retrouvant avec des plus jeunes, j'ai même l'impression qu'elle pourrait régresser. Elle est dans une garderie éducative, mais ils ne peuvent pas aller plus loin », se désole-t-elle.
Selon les documents officiels de la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles (CSSMI), « la démonstration que l'enfant est tout simplement apte ne répond pas à l'esprit de ce motif. Il doit s'agir d'un enfant qui se démarque de façon évidente de la moyenne sur tous les plans : intellectuel, social, affectif et psychomoteur ».
La dérogation à la loi sur l'instruction publique est donc possible, mais seulement dans les cas où le cas contraire pourrait entraîner un préjudice grave à l'enfant.
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