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Des employés de Stablex accusent la direction de négligence

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6 avril 2011
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Par Simon Dessureault

Des employés de l'usine Stablex à Blainville ont été contraints de manipuler et respirer un produit qui dépasse de presque 10 fois le niveau de dangerosité acceptable, entre le 15 et le 17 mars dernier.

Un employé de l'usine qui désire garder l'anonymat a confié des documents à l'Écho de la Rive-Nord, dont un courriel du Superviseur Laboratoire production chez Stablex, qui alerte le directeur de la Santé et Sécurité, qu'un produit manipulé par des employés dépasse largement les normes chimiques acceptables. Ce produit s'appelle le benzène.

« Juste pour t'aviser que lors de l'analyse (...) nous avons trouvé 19000 ppm de HHT. Cela dépasse grandement les normes d'acceptation (2000 ppm) (...). Comme les conteneurs sont déjà procédés (déjà commencés à être manipulés), je crois qu'il est impossible de le/les refuser à ce moment. Je suggère de refaire une analyse », peut-on lire dans le courriel.

Critiques envers la direction

L'employé en avait long à dire sur les pratiques du directeur et Santé sécurité chez Stablex. « Le produit était à l'air libre dans notre usine et on a respiré cela pendant un certain temps. La direction aurait dû nous demander de mettre un masque à cannette », a dit l'employé.

Selon lui, le directeur Santé et Sécurité de l'usine n'a jamais répondu au courriel du superviseur. Ce membre de la direction serait d'ailleurs la cible d'une enquête interne de la compagnie.

« Cette enquête vaut ce qu'elle vaut, a dit ironiquement l'employé. Le directeur Santé et Sécurité savait qu'il y avait un danger. Il devait appeler au ministère de l'environnement et demander s'il pouvait procéder avec du charbon activé, ça aurait neutralisé le produit. La direction a omis de faire cette étape.»

Déversé au site d'enfouissement

Toujours selon l'employé anonyme, la direction a manœuvré le produit à ce niveau chimique dans les bassins en petites doses au site d'enfouissement de Blainville pour essayer de l'éliminer sans le dire à personne. « La direction a envoyé le tout en trois étapes au site d'enfouissement de Blainville. Ça a été caché et ils voulaient étouffer les choses. Le produit cancérigène est rendu dans le sol », dit-il.

L'employé reproche aussi à Stablex d'avoir fait un mauvais échantillonnage lors de la première analyse du benzène. « La prise d'échantillonnage a été mal faite. Les boîtes étaient gelées et ils n'ont pas attendu que ça dégèle. Ils n'ont pas pris l'échantillon au centre la boîte et ils n'ont pas homogénéisés et mélangé le tout. C'est la procédure de bien brasser une boîte avant de prendre un échantillon », conclut l'employé dans ses critiques envers la compagnie.

Stablex se défend

Stablex a avoué que des employés ont manipulé le produit à 19 000 ppm, mais la compagnie estime qu'il n'y a pas de danger.

Le Vice-président directeur-général de Stablex, Guy Thibault, qui est en charge des communications, a pris la parole au nom du directeur Santé et Sécurité.

« Il n'y a pas de danger. C'est un niveau de 19000 dans le résidu, pas dans l'air, ce n'est pas la même chose. Le directeur Santé et Sécurité m'a confirmé que les travailleurs n'auraient pas été exposés à des concentrations dangereuses. Aussi il a répondu au courriel, mais l'employé en question n'a pas eu accès à cela il faut croire », a dit M. Thibault.

« Les analyses initiales étaient en bas de 2000 ppm. Une fois que le traitement a été commencé, on s'est rendu compte qu'il y avait des zones à 19000 ppm. Après que l'on se soit aperçu de cela, on a réajusté le traitement pour être sûr que les normes au site d'enfouissement soient respectées. Jamais on n'enverrait un produit au site qui ne respecte pas les normes environnementales », a continué M. Thibault, qui a aussi avoué qu'il est difficile d'avoir une représentation exacte au moment de l'échantillonnage initial.

Pour ce qui est de l'enquête interne dont fait l'objet le directeur Santé et Sécurité, M.Thibault a dit que Stablex est train de colliger des informations. « L'enquête interne va permettre d'améliorer nos processus », dit-il.

Stratégie syndicale?

M. Thibault a aussi mentionné que les employés de Stablex se sont syndiqués récemment et qu'un processus de négociation de la future convention collective va commencer à l'automne. « On a des employés qui nous causent des préjudices et certains problèmes. Là ils ont décidé de contacter les médias », a-t-il dit.

M. Thibault a aussi mentionné que la Commission Santé Sécurité au Travail (CSST) a blâmé Stablex parce qu'il y avait une trop grande quantité de plaintes non fondées de la part des employés.

Des spécialistes se prononcent

L'Écho de la Rive-Nord a appris qu'une plainte au sujet de la prétendue exposition des employés à un produit dangereux a été déposée le 21 mars dernier au ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP).

« On a été saisi d'une plainte par rapport à cette situation le 21 mars, soit bien après les événements énoncés. On est allé sur place le 23 pour essayer de voir ce qui s'était passé. Le dossier n'est pas clos. On recueille des informations pour voir si des mesures vont être prises pour que ça ne se reproduise pas. Mais on n'est pas dans une urgence environnementale cependant », a mentionné Hélène Proteau, directrice régionale au Centre de contrôle environnemental pour Montréal-Laval-Laurentides-Lanaudière au MDDEP.

Les entreprises doivent informer le ministère lorsqu'il y a une émission d'un contaminant de façon accidentelle et qui peut-être nocive pour l'environnement.

« Il faut se poser la question à savoir si l'événement a émis des contaminants à l'intérieur de la bâtisse pour que ca nuise à la qualité de l'air. Mais si les contaminants sont sortis de l'usine en trop grande quantité, ils auraient dû aviser le ministère. Alors est-ce qu'ils ont été émis à l'extérieur, et si oui, est-ce qu'ils étaient conformes aux normes applicables pour les émissions atmosphériques de l'entreprise. Tout cela reste à être vérifié », ajoute Mme Proteau.

Avis scientifique

Le Dr Michel Savard, Médecin-conseil à la direction de Santé publique des Laurentides, avait également son avis par rapport à cette situation.

« Le fait que des employés aient manipulé une fois le benzène à 19000 n'est pas suffisant pour dire que c'est cancérigène compte tenu de l'exposition de courte durée et qu'il n'y a pas eu contact avec les mains. Il faudrait que ce soit répété pour qu'un problème de santé soit développé. La compagnie doit surtout voir pourquoi les concentrations étaient plus élevées », a-t-dit.

Le Dr Savard croit qu'il est légitime que les employés se posent la question à savoir si un masque à canette aurait été nécessaire. « Cette question relève surtout des équipes de santé au travail. Ils vont peut-être réévaluer les mesures de protection. Mais il faut vraiment qu'il y ait des analyses pour voir si des équipements s'imposent dans ce cas », conclut-il.

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