Quatre enseignants sur cinq sont des femmes
Par Josiane Yelle
Si les enseignants masculins se font de plus en plus rares dans les écoles québécoises, la tendance n'est guère différente dans les établissements scolaires de la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles (CSSMI).
Sur les 3318 enseignants des écoles primaires et secondaires de la région, seuls 653 sont des hommes. Il s'agit d'un faible pourcentage de 19,6 %.
Au niveau élémentaire, les hommes sont encore plus en minorité. En étant 181, ils représentent 9,3 % du corps professoral. Leurs collègues féminines, elles, sont 1761.
À savoir si cette tendance peut être en lien avec le décrochage scolaire des garçons, Marie-Claude Béliveau, orthopédagogue et psychoéducatrice à l'Hôpital Sainte-Justine, n'hésite pas un seul instant. « Pour moi, c'est clair. »
La clinicienne indique que les volets affectifs et cognitifs sont directement affectés. Si la question de l'identification des garçons entre en ligne de compte, Mme Béliveau précise que les styles cognitifs y sont aussi pour beaucoup dans l'équation.
Parler le même langage
« C'est tout le traitement verbal des informations qui est affecté. Ce n'est pas coupé au couteau, mais généralement les garçons ont une intelligence davantage non-verbale. Ils ont besoin de phrases courtes, de démonstrations et de liens avec le réel, alors que les femmes qui enseignent sont plus portées à partir dans de longs discours. »
C'est donc dire que les femmes et les hommes ne parlent pas le même langage. Selon la professionnelle, les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage réussissent mieux quand le style cognitif de l'enseignant est le même que le leur.
« Les femmes qui parlent beaucoup risquent davantage de perdre nos gars qui sont plus moteurs. Ceci dit, les femmes qui sont conscientes de cette réalité ajustent leur façon d'enseigner et ça peut très bien fonctionner », ajoute Mme Béliveau.
Déficit d'attention déguisé
Aux dires de la clinicienne, certains enfants ont l'air d'avoir un déficit d'attention, alors qu'ils ont tout simplement un problème d'arrimage. « Quand il n'y a pas cet écart de style cognitif, il y a moins de chance d'en échapper. »
De la sorte, Marie-Claude Béliveau croit que ce serait avantageux d'avoir plus d'hommes en enseignement. « L'équilibre ne serait définitivement pas mauvais », conclut-elle.
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