De l’itinérance à la relation d’aide

Par Josiane Yelle
Le parcours de Cynthia Vickers n’aura pas été de tout repos, mais le support d’organismes communautaires comme la Paroisse Sainte-Famille de Blainville lui aura permis de mettre derrière elle un long passé d’itinérance.
À voir cette femme au regard lumineux, le commun des mortels ne pourrait jamais croire que cette citoyenne de Sainte-Thérèse a traversé des années difficiles, à vivre en marge de la société. Mais c’est pourtant le cas.
Élevée dans une famille dysfonctionnelle, elle est vite devenue une enfant de la DPJ qui s’est fait trimballer de centres en familles d’accueil.
« Malgré beaucoup de thérapie, je ne voyais pas comment je pouvais me fondre dans le moule. À ce moment là, je rêvais de liberté », s’est-elle rappelée.
Quelques années plus tard, elle a rencontré celui qui allait devenir son mari en lui promettant mer et monde. Mais le voyage s’est plutôt avéré une traversée du pays qui s’est terminée en itinérance à Vancouver durant sept longues années.
« Je croyais que ce que je vivais, c’était ça la liberté. Ce sont les junkies, les prostituées et les itinérants qui m’ont donné l’espoir dont j’avais besoin durant cette période-là. J’en suis venue à penser que je menais la plus belle vie au monde. J’avais la plus grande chambre à coucher, je dormais dans le Stanley Park. »
La réalité l’a toutefois rattrapée et elle s’est rebellée, au point tel que plus rien ne lui faisait peur. Elle a donc décidé d’aller étudier pour essayer de se comprendre.
Mais sans savoir comment, elle s’est retrouvée dans un centre de crise en dépression profonde et a appris du même coup qu’elle était enceinte. C’était la cinquième fois. Elle avait auparavant perdu tous les autres enfants.
La réinsertion sociale
Cette grossesse, devenue aujourd’hui un bel adolescent de 14 ans, a été le point tournant, le début d’une longue démarche de réinsertion sociale.
C’est alors qu’elle donnait du temps à un organisme de distribution alimentaire qu’elle a rencontré une intervenante extraordinaire qui lui a permis de se sauver.
« J’ai loué un appartement que j’ai gardé vide très longtemps. Le soir, au moins, il y avait de la lumière et il faisait chaud. Tranquillement, l’intervenante m’a donné des meubles contre du temps de bénévolat », a-t-elle indiqué.
Et lentement les années ont passé. Après cinq ans de bénévolat à la Paroisse Sainte-Famille, elle a décroché un emploi qu’elle occupait jusqu’à tout récemment.
« Moi qui avait été la pire des pécheresse, jamais je n’aurais pu penser que c’est une église qui m’offrirait mon premier emploi. Mais j’avais conclu un deal. Dans un moment de désespoir, il y a quelques années, j’avais crié une prière. J’avais promis que je ferais le plus de bien possible, si plus jamais je ne me sentais seule. »
Aujourd’hui, Cynthia Vickers est en recherche d’emploi. En couple depuis quelques années, elle habite une belle petite maison « avec des fleurs tout autour ».