Les normes sont plus sévères

Par Josiane Yelle et Marie-Ève Proulx
Depuis le 22 juillet dernier, tous les nouveaux propriétaires de piscines résidentielles devront se conformer à une nouvelle règlementation concernant le contrôle de l'accès aux piscines résidentielles.
Les statistiques parlent d'elles-mêmes. «Au cours de la dernière décennie au Québec, quelque 33 noyades sont survenues en piscine résidentielle, une moyenne d'environ trois noyades par année, précise Hélène Mercier, coordonnatrice aux communications de la Société de sauvetage. Bien que ce chiffre semble peu élevé, la règlementation est importante, car ce sont des drames faciles à éviter», note-t-elle. Les nouvelles normes implantées par le gouvernement provincial visent donc à réduire ces malheureux accidents.
Permis et sanction
Dans le but d'assurer le respect des normes édictées par le nouveau règlement, un permis délivré par la municipalité où seront effectués les travaux est désormais nécessaire pour construire, installer ou remplacer une piscine ou pour ériger une construction donnant ou empêchant l'accès à une piscine.
Les contrevenants à ces nouvelles normes s'exposent à une amende allant de 500 $ à 700 $, laquelle peut être portée jusqu'à 1 000 $ en cas de récidive.
Consensus
Le projet de règlement tient compte des résultats d'une consultation publique en ligne à laquelle plus de 2 300 personnes ont répondu. La quasi-totalité d'entre elles (96 %) se sont dites favorables au contrôle de l'accès aux piscines résidentielles pour éviter les noyades et les accidents, tandis que 90 % des répondants estimaient que le gouvernement devrait mettre en place une règlementation uniforme sur la sécurité des piscines résidentielles qui reposerait sur le contrôle de l'accès à la piscine de tous les côtés, incluant l'accès à partir de la résidence.
La Société de sauvetage a également mis en ligne un site Internet (www.mapiscinesecuritaire.com) qui vise à sensibiliser les citoyens aux nouveaux règlements et à démystifier ceux-ci.
Les gens qui ont fait l'acquisition d'une piscine avant le 22 juillet ont jusqu'au 31 octobre prochain pour l'installer, sans quoi ils devront également se conformer à la nouvelle réglementation.
Les commerçants donnent leur avis
Pour Alain Hudon, propriétaire des Piscines Hudon, les nouvelles normes feront mal à son entreprise. «Je suis totalement en accord avec le fait qu'un propriétaire doit clôturer sa cour s'il y installe une piscine, mais exiger que la piscine le soit également, je trouve ça exagéré. Un couple de 60 ans qui n'a pas d'enfant n'a pas nécessairement envie d'avoir une enceinte autour de sa piscine qui gâche tout le paysage de sa cour», confie-t-il.
Spécialisé dans l'installation de piscines creusées, le piscinier croit que son entreprise, qui vend quelque 350 piscines par année, verra son chiffre d'affaires chuter considérablement. «Il en coûtera environ 5 000 $ supplémentaires au propriétaire qui souhaite installer une piscine creusée de 30 pieds dans sa cour. C'est un pensez-y bien», affirme-t-il, ajoutant que ses clients, qui possèdent généralement des maisons de 300 000 $ à 400 000 $ ne vont certainement pas mettre une piscine hors terre dans leur cour, mais vont plutôt s'en passer.
S'il pense également que les nouvelles normes affecteront considérablement à la baisse les ventes de piscine, le propriétaire de Prestige Piscines, Jacques Lajoie, estime quant à lui que ce sera temporairement. «Il y aura beaucoup de sensibilisation et les gens vont finir par se mettre cette idée dans la tête», a-t-il dit, ajoutant que la vie d'un enfant n'a pas de prix.
À l'inverse des pisciniers, les entreprises spécialisées dans la pose de clôtures vont certainement faire des affaires d'or avec la nouvelle réglementation.
«C'est certain qu'on est content parce que ça va nous apporter des clients. Mais on veut surtout aider les propriétaires à trouver des solutions qui correspondent à leur budget. Il y a moyen de positionner la piscine de sorte que le propriétaire n'ait pas à clôturer 120 pieds, mais plutôt la moitié en se servant du fond de la cours déjà clôturé», a expliqué Michel Miglierina, des Clôtures Sentinelle, ajoutant qu'une haie ou des arbustes ne constituent pas une enceinte.
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