Travailler avec la mort

Par Josiane Yelle
Novembre est depuis longtemps surnommé le mois des morts. La chute des feuilles et la pluie, mais surtout les célébrations de la Toussaint, le deuxième jour du mois, contribuent à perpétuer cette désignation. À l'approche de cette période de grisaille, L'Écho de la Rive-Nord s'est entretenu avec Geneviève Goyer, une thanatologue qui côtoie la mort au quotidien.
Bien qu'elle travaille dans l'entreprise familiale, Geneviève Goyer avoue d'entrée de jeu que ce choix de carrière était le sien. « C'est un métier très diversifié et le côté humain m'a attirée », explique-t-elle. La satisfaction d'aider les gens à traverser leur deuil en facilitant les arrangements a motivé sa décision.
Contrairement à la croyance, les thanatologues ne s'occupent pas uniquement des dépouilles des défunts. Le travail de conseiller aux familles entre en ligne de compte. « Notre quotidien n'est jamais pareil. Nous nous occupons des familles et de l'organisation des funérailles, nous nous chargeons du transport des corps et nous faisons l'embaumement. » Et comme la mort ne se prévoit pas, pas moyen d'avoir un horaire planifié.
S'adapter aux besoins
Bien qu'il soit facile de croire que le rituel soit semblable d'une fois à l'autre, Mme Goyer parle d'une tout autre réalité. « Nous devons constamment nous adapter aux besoins et aux demandes des familles que nous rencontrons, notamment aux différentes cultures, précise-t-elle. Récemment, une famille a même assisté à la mise au four du corps de l'un des leurs, car c'est ce que la religion de cette famille voulait», donne-t-elle en guise d'exemple.
« Il faut être à la page, continue René Goyer président des Résidences funéraires Goyer, mais aussi président de la Corporation des thanatologues du Québec. Contrairement à ce qui se faisait avant, il existe désormais plusieurs façons de disposer d'un corps et d'organiser des funérailles ». À cet effet, M. Goyer indique qu'au Québec, 50 à 60 % des corps sont embaumés et que près du même pourcentage sont incinérés au décès ou après l'exposition du corps.
Un marché comme les autres
Quoi qu'il en soit, il semble que la mort soit un sujet de moins en moins tabou et que les gens préparent davantage leur décès. « Les préarrangements funéraires sont toujours en hausse, indique à cet effet René Goyer. Et ça a de gros avantages, puisque les prix sont gelés à la signature et que ça libère d'un fardeau financier important».
Geneviève Goyer raconte d'ailleurs des funérailles où le défunt avait laissé un message vidéo à sa famille. Comme quoi tout est possible.
Il s'agit donc d'un marché comme les autres ou un vaste choix de cercueils et d'urnes sont présentés dans une « salle de montre ». Des reliquaires de toutes sortes sont également disponibles.
La tendance écologique n'échappe pas non plus au domaine funéraire. Des produits biodégradables ont désormais fait leur entrée sur le marché.
L'importance du détachement
Bien que ce ne soit pas la seule occupation, l'embaumement des corps demeure tout de même le principal défi des thanatologues. « Il y a un côté artistique très présent, indique M. Goyer. Lorsque nous devons refaire une partie d'un visage et que, lors des funérailles, les gens nous disent qu'ils garderont une belle image de la personne, on sait qu'on a bien fait notre travail ».
Malgré tout, Geneviève Goyer avoue qu'il ne faut pas qu'ils prennent la peine des gens sur leurs épaules. « Ça prend du détachement, enchaîne M. Goyer, mais c'est toujours fatigant d'embaumer des enfants qui ont l'âge des tiens ».
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