Greenpeace dit non à l’inversion du flux

Par Eric Mondou
Le projet de la compagnie Enbridge d’inverser le flux du pipeline traversant les terres de Saint-Placide, Mirabel et Sainte-Anne-des-Plaines est un enjeu alarmant, croit le porte-parole de la campagne climat et énergie de Greenpeace, Patrick Bonin.
.D’entrée de jeu, le représentant de l’organisation environnementale dit redouter que la ligne de pipeline no 9, construite il y a près de 40 ans, soit conçue pour acheminer le pétrole des sables bitumineux.
Pour être en mesure de bien s’écouler dans le pipeline, ce type de pétrole, extrêmement visqueux à la base, doit être chauffé à haute température en plus d’être jumelé à des produits chimiques.
« Au niveau de la corrosion, c’est comme si nous mettions un papier sablé liquide dans le pipeline. Évidemment, un phénomène comme celui-là peut entraîner davantage de risques de déversement », a martelé Patrick Bonin.
Ce caractère abrasif et l’âge des installations ne sont pas les seules inquiétudes colportées par le spécialiste des questions climatiques. « En cas de déversement, les produits chimiques ajoutés, volatils sont-ils, sont grandement néfastes pour la santé des citoyens », a-t-il dit.
Et cela, renchérit ce dernier, c’est sans compter les nombreux tributaires de la rivière des Mille-Îles, dans laquelle une large part de la population s’approvisionne, qui pourraient être viciés par un tel déversement.
Cas
Pour ceux et celles qui estiment que les dangers de déversement demeurent trop souvent des phénomènes insolites, M. Bonin évoque sans osciller le cas de la rivière Kalamazoo au Michigan, où 3,8 millions de litres de bitume dilué ont été déversés en juillet 2010.
« C’est un exemple typique. Le même type de pétrole était acheminé dans un pipeline du même âge, ce par la même compagnie », a-t-il pris soin de noter.
Pétrole sale
Par ailleurs, M. Bonin se désole que cette inversion du flux demeure un stratagème ne visant qu’à étendre le pétrole albertain sur les marchés internationaux.
« L’objectif derrière le projet est de tripler la production des sables bitumineux dont la production est de 3 à 4 fois plus émettrice de gaz à effet de serre que celle à partir de pétrole conventionnel », a-t-il dit sans pitié.
Présentement, l’oléoduc en place, qui relie Montréal à Sarnia, achemine du pétrole étranger de la métropole du Québec vers la ville ontarienne.